Face à la crise financière, la zone euro est à la recherche de solutions plus radicales telles qu'une augmentation de son Fonds de secours pour les pays en difficulté ou des emprunts obligataires communs, mais doit sur ces deux pistes compter avec l'hostilité de l'Allemagne.

Ces dossiers devaient être discutés lors d'une réunion des ministres des Finances de l'Union monétaire à partir de 17h (midi heure de Montréal), en présence du directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn.

La situation s'est un peu apaisée mais les marchés gardent dans leur ligne de mire les pays les plus fragiles, comme le Portugal, la Belgique et l'Espagne. Même si Madrid a rejeté lundi l'idée de faire appel à un soutien financier extérieur.

Face aux craintes de contagion, et alors que l'annonce d'un plan d'aide de 85 milliards d'euros pour l'Irlande n'a pas totalement convaincu, les ministres des Finances envisagent des options plus radicales.

Parmi elles, une idée refait surface. Elle consisterait à créer des «euro-obligations», des emprunts lancés en commun par plusieurs États pour mutualiser les risques et éviter que les pays les plus fragiles ne soient attaqués par les spéculateurs.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker et le ministre italien des Finances Giulio Tremonti ont relancé l'offensive à l'occasion de la réunion de l'Eurogroupe, qui sera suivie mardi d'une réunion des ministres des Finances de l'ensemble de l'UE.

Ils souhaitent par ce biais envoyer un message aux marchés et aux citoyens sur «l'irréversibilité de l'euro», dans une tribune commune publiée dans le quotidien britannique Financial Times.

Selon eux, il y a urgence. Ils invitent l'UE à créer une agence qui émettrait ces obligations dès le mois de décembre.

Problème: l'Allemagne, principale économie de la zone euro, y est opposée. Elle jouit des taux obligataires les plus bas en Europe et refuse de payer pour les autres.

De telles obligations européennes «ne permettent pas de concurrence entre les taux d'intérêt» attachés à la dette des pays, a déclaré lundi à Berlin la chancelière Angela Merkel. Or «la concurrence des taux d'intérêt est une incitation à respecter les critères de stabilité», a-t-elle jugé, les investisseurs récompensant par des taux bas les pays les plus vertueux.

Autre option à l'étude: des ressources plus élevées pour le Fonds de secours destiné aux pays de la zone euro en difficulté, mis en place au printemps.

Il est doté actuellement de 440 milliards d'euros de garanties de prêts des États de la zone euro, et fait partie d'un dispositif d'aide disponible plus large de 750 milliards d'euros, comprenant également 250 milliards de prêts du FMI et 60 milliards de l'UE.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a appelé à augmenter sa capacité si nécessaire. Et le ministre belge des Finances Didier Reynders, dont le pays préside l'UE, est favorable à ce que le sujet soit discuté.

Au delà, les Européens réfléchissent aussi à des moyens beaucoup plus importants pour le futur Mécanisme de secours permanent, destiné à remplacer le dispositif actuel à partir de la mi-2013.

«Concernant le mécanisme définitif nous devons discuter de la taille, je l'ai déjà dit, et si on aboutit à une évolution sur ce volet-là on pourra peut-être alors parler du mécanisme provisoire également», a dit lundi M. Reynders.

Mais là encore, Angela Merkel a répété lundi qu'elle ne voyait aucune raison d'en discuter dans l'immédiat. Un avis partagé par la ministre espagnole des Finances, Elena Salgado. «Injecter des moyens supplémentaires dans le dispositif n'est pas la question du moment», a-t-elle dit au quotidien français Les Echos

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