Les Européens se sont efforcés vendredi d'endiguer les inquiétudes concernant la zone euro avec des propos rassurants sur le Portugal et l'Espagne, alors que les rumeurs d'aide à Lisbonne se font insistantes et que l'annonce du plan de soutien à l'Irlande est imminente.

Des informations publiées vendredi par le journal allemand Financial Times Deutschland ont mis le feu aux poudres.

Selon le quotidien financier, la Banque centrale européenne et une majorité de pays de la zone euro font pression sur le gouvernement portugais pour qu'il demande à son tour une aide de l'UE et du FMI. Ces pressions auraient pour arrière-pensée d'éviter à sa voisine l'Espagne de se retrouver dans une situation difficile, affirme le journal.

Les gouvernements portugais et allemand et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont aussitôt démenti ces informations.

Les Européens n'ont pas «suggéré» au Portugal qu'il demande un plan d'aide financière comme vient de le faire l'Irlande, a déclaré M. Barroso à Paris.

«Le Portugal réunit toutes les conditions pour se financer sur les marchés», a estimé de son côté le premier ministre portugais José Socrates. Ces rumeurs sont intervenues alors que le Parlement portugais a définitivement adopté vendredi un budget d'austérité pour 2011 qui doit permettre de réduire drastiquement le déficit du pays. La Commission européenne a salué ce vote.

«Ce budget contient des mesures très difficiles et exigeantes pour tous les Portugais, mais il n'y a pas d'autres alternatives», a souligné M. Socrates.

Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero s'est voulu de son côté rassurant, en déclarant qu'il écartait «absolument» l'éventualité d'un plan de sauvetage financier de l'Espagne. «Ceux qui misent contre l'Espagne à court terme vont se tromper», a-t-il ajouté.

Malgré tout, les rumeurs de contagion ont affolé les marchés.

Sur le marché obligataire, l'écart entre les taux espagnols à 10 ans et les taux allemands, qui servent de référence dans la zone euro, a atteint vendredi un plus haut historique, à 260 points de base, signe de la défiance des investisseurs à l'encontre de l'Espagne.

Vers 14h, les taux espagnols à 10 ans s'élevaient à 5,157% contre 2,731% pour les taux allemands.

Le Portugal a lui vu ses taux à 10 ans battre un record depuis l'adoption de l'euro, à 7,121%. Ils se détendaient à 6,699% vers 14h.

Quant à l'euro, il s'enfonçait vendredi sous le seuil de 1,33 dollar. Vers 14h, il s'établissait à 1,3237 dollar contre 1,3360 dollar jeudi, après être tombé à 1,3201 dollar vers 11H15 GMT, un plus bas depuis le 21 septembre.

Les marchés attendent aussi avec anxiété les détails du plan d'aide à l'Irlande de l'UE et du Fonds monétaire international (FMI), au sujet duquel des tractations sont toujours en cours à Dublin.

Des sources diplomatiques européennes ont indiqué que ce plan avait de bonnes chances d'être finalisé dimanche.

Selon ces sources, une réunion des ministres des Finances de la zone euro, puis de l'ensemble de l'Union européenne, devrait avoir lieu dimanche, sans doute par conférence téléphonique. Il s'agit d'approuver le montant de l'aide, qui devrait tourner autour de 85 milliards d'euros, et de fixer les conditions à remplir par Dublin en échange.

Au cours d'un entretien téléphonique jeudi soir, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy ont souhaité un accord rapide sur l'aide à l'Irlande.

Dans ce contexte de tension, le quotidien allemand Die Welt a affirmé vendredi que la Commission européenne avait proposé de doubler à 880 milliards d'euros le montant des garanties de prêts du Fonds de secours pour la zone euro. Bruxelles a catégoriquement démenti ces informations.

Des responsables allemands ont également écarté vendredi l'éventualité d'un renflouement du Fonds.