Six mois après le sauvetage financier de la Grèce, l'ancien «Tigre celtique» irlandais se rapproche à son tour d'un plan d'aide international pour renflouer ses banques en grandes difficultés, sous la pression d'une zone euro qui peine à sortir de la crise budgétaire.

Une mission d'experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international (FMI) arrivera jeudi à Dublin, afin de préparer une aide éventuelle.

Cette mission sera chargée «d'examiner les problèmes structurels des banques irlandaises à la lumière des pressions récentes sur les marchés, et d'évaluer ce qu'il faut faire», a expliqué mercredi le ministre irlandais des Finances Brian Lenihan, au lendemain d'un accord en ce sens avec ses collègues de la zone euro à Bruxelles.

Aucune date butoir n'a été fixée mais M. Lenihan a souligné que les discussions revêtaient un caractère d'«urgence».

Les ministres des Finances de la zone euro et le Fonds monétaire international se sont dits prêts mardi soir à voler au secours si nécessaire de l'Irlande, alors que la stabilité de l'Union monétaire est à nouveau menacée par des turbulences sur les marchés.

Objectif: préparer le terrain à une aide au secteur bancaire, talon d'Achille de l'économie de l'île.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a précisé mardi soir que le gouvernement irlandais déciderait dans les «prochains jours» de faire ou non appel à une aide financière extérieure.

Mais le recours à un programme international de soutien semble à certains assez inéluctable.

«Je crois qu'on n'arrivera pas à sortir de cette situation sans avoir une aide européenne», a estimé mercredi le ministre belge des Finances Didier Reynders, dont le pays préside l'UE. Il a précisé que cette aide serait «conditionnée à toute une série de demandes» en vue d'«améliorer la situation budgétaire» de l'Irlande.

Après la zone euro, le Royaume-Uni s'est dit aussi prêt mercredi à participer à une aide si elle était demandée par Dublin, même s'il ne fait pas partie de la zone euro.

«L'Irlande est notre plus proche voisin. Et c'est dans l'intérêt national britannique que l'économie irlandaise réussisse et que nous ayons un système bancaire stable. Donc la Grande-Bretagne se tient prête à soutenir l'Irlande», a déclaré le ministre britannique des Finances George Osborne, en marge d'une réunion des ministres des Finances de toute l'UE à Bruxelles.

Une participation de la Grande-Bretagne est «en discussions», a indiqué de son côté le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, en soulignant par ailleurs que la situation de l'Irlande était «très, très sérieuse» et qu'il n'y avait «pas de temps à perdre».

Les difficultés des banques de l'ancien «Tigre celtique», plombées par l'éclatement d'une bulle immobilière, et le déficit public en conséquence abyssal du pays (32% du PIB cette année) ont fait grimper ces derniers temps les taux d'intérêt des emprunts d'État de l'Irlande. Mais aussi d'autres pays comme le Portugal ou l'Espagne.

Si un plan d'aide est déclenché, l'Irlande pourra compter sur un Fonds de stabilisation financière mis en place au printemps par la zone euro, à la suite de la crise grecque. Il pourrait lever de l'argent sur les marchés avec une garantie apportée par les États de la zone euro, pouvant s'élever jusqu'à 440 milliards d'euros.

En y ajoutant des prêts du FMI et de l'UE, le pot total disponible s'élève à 750 milliards d'euros.

Le responsable du Fonds de stabilisation, Klaus Regling, a souligné qu'il serait en mesure de mobiliser «des sommes significatives» de prêts si nécessaire et cela «rapidement», dans un délai de 5 à 8 jours.