Les ministres des Finances des 16 pays de la zone euro se retrouvaient mardi à Bruxelles, avec l'ordre du jour la situation financière préoccupante de l'Irlande et du Portugal. «Nous devons tous travailler de concert afin que la zone euro survive», a averti le président de l'Union européenne Herman von Rompuy.

Tant Dublin que Lisbonne ne cessent de répéter qu'ils n'ont pas besoin d'être secourus comme la Grèce l'a été au printemps dernier, mais l'inquiétude va croissant, en parallèle au creusement de leurs déficits publics.

La semaine dernière, le taux d'intérêt des obligations d'État irlandaises à 10 ans a frôlé les 9%, du jamais vu depuis la création de l'euro. Cela signifie que les investisseurs craignent que Dublin ne parvienne pas à rembourser ses dettes, mais aussi que la prochaine fois que le gouvernement irlandais aura besoin d'emprunter, le coût sera prohibitif.

Pour certains analystes, «le risque d'implosion paraît similaire aux conditions prévalant il y a quelques mois en Grèce». Ils redoutent désormais que la crise s'étende et que des pays comme l'Espagne fassent défaut.

«Nous devons tous travailler de concert afin que la zone euro survive, a prévenu Herman van Rompuy. Parce que si nous ne survivons pas dans la zone euro, nous ne survivrons pas avec l'Union européenne», a-t-il ajouté.

En mai dernier, la Grèce avait obtenu un prêt de sauvetage de 110 milliards d'euros de ses partenaires de l'eurozone et du FMI (Fonds monétaire international).

La semaine dernière, l'Irlande a annoncé un plan de six milliards d'euros d'économies en 2011. Au lieu de rassurer les investisseurs sur sa volonté de se désendetter, elle n'a, semble-t-il, fait qu'attiser leurs craintes.

«Il n'y pas de raison de lancer un plan de sauvetage» pour l'Irlande, a réaffirmé mardi le ministre irlandais des Affaires européennes Dick Roche. «Il y a un problème de liquidités dans les banques, mais je ne pense pas que la réponse appropriée soit que les ministres européens des Finances paniquent», a-t-il dit.

Certains économistes estiment que l'Irlande devra accepter de recourir au fonds de stabilité mis en place le 7 juin par les 16 pays partageant la monnaie unique européenne. Ce fonds permet à des pays de la zone euro d'emprunter, en cas de difficultés, des capitaux sur les marchés avec la garantie des autres États membres de la zone euro.

Pour le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn, les problèmes de l'Irlande proviennent «des très graves problèmes de (son) secteur bancaire» dont les besoins de financement sont assurés selon Dublin jusqu'à la mi-2011. La crise irlandaise, a-t-il ajouté, «n'est pas une question de survie de l'euro».