Les taux irlandais ont de nouveau atteint des records jeudi sur un marché obligataire pourtant relativement calme, les investisseurs restant très inquiets pour la situation financière de ce pays et celles des plus fragiles de la zone euro en général.

Vers midi, heure de Montréal, les taux irlandais à 10 ans se sont établi à 8,646% contre 8,639% la veille, un niveau jamais vu depuis l'entrée du pays dans la zone euro. Le différentiel avec le Bund allemand à 10 ans, qui sert de référence sur le marché, s'est inscrit à plus de 620 points de base.

Les investisseurs s'inquiètent du déficit abyssal du pays et de la capacité de son gouvernement affaibli à faire adopter le 7 décembre un budget de rigueur.

Des craintes qui ont accentué le climat de défiance généralisée qui règne sur les marchés obligataires depuis quelques jours et qui ont pesé également sur les autres pays périphériques (les plus fragiles de la zone euro) comme l'Espagne ou l'Italie.

«On constate un effet de contagion sur les autres périphériques, qui inquiètent moins en principe», analyse Eric Oynoyan, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.

Pour François Duhen, stratégiste au CM-CIC Securities, ce climat de défiance envers les pays fragiles de la zone euro a été entretenu par «les exigences à venir d'appels de marges additionnels de la part du compensateur LCH.Clearnet, que certains acteurs ont préféré éviter en soldant leurs positions».

La chambre de compensation LCH.Clearnet demande en effet un dépôt plus élevé des investisseurs qui achètent des obligations, une façon de se protéger de ces titres de dette qu'elles jugent fragiles.

Révélée la semaine dernière, cette information a «éclaté» très récemment, et pèse désormais sur toutes les obligations des pays périphériques.

Au Portugal, les taux à 10 ans ont baissé légèrement tout en restant à des niveaux très élevés à 6,882% contre 7,086% mercredi à la clôture. Ils étaient passés mercredi au-dessus des 7% pour la première fois depuis l'entrée du pays dans la zone euro.

Les taux espagnols à 10 ans se sont tendu nettement, prenant 13 points de base à 4,620%, tout comme ceux de l'Italie à 4,225%.

Enfin, les rendements grecs à 10 ans se sont légèrement détendu à 11,396% contre 11,549% la veille, les obligations grecques connaissent un peu de répit depuis le début de la semaine, après la tenue d'élections locales.

Parmi les pays du noyau dur de la zone euro, le rendement du Bund allemand à 10 ans s'est détendu à 2,434% contre 2,449% mercredi soir tout comme le rendement de l'OAT française à 10 ans, à 2,893% contre 2,898%.

Hors zone euro, le rendement du Gilt britannique est resté quasiment à l'équilibre à 3,169%.

Aux États-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans s'établissait à 2,638% contre 2,694% mercredi soir, et celui du bon à 30 ans à 4,327% contre 4,279% la veille. Les taux à échéances courtes baissaient à 0,12% contre 0,13% la veille.

Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, a reculé à 1,050% contre 1,048% mercredi tandis que le Libor à trois mois libellé en dollars est resté stable à 0,286%.