À la veille du sommet des dirigeants des principaux pays riches et émergents (G20) à Séoul, nombre de pistes sont évoquées pour mettre un terme aux déséquilibres monétaires susceptibles de déboucher sur une «guerre des monnaies» aux conséquences néfastes.

L'actuel système de taux de change flottant a pour valeur de référence le dollar, ce qui rend l'ensemble des pays vulnérables aux fluctuations de l'économie américaine et crée une distorsion en faveur des Etats-Unis.

Mais comment y remédier ? Voici certaines des pistes avancées:

L'or comme point de référence

L'idée, relancée lundi par le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, est de réintroduire l'or dans le système monétaire comme point de référence des anticipations des marchés au point de vue de l'inflation, de la déflation et des taux de change futurs.

Dans leur surveillance du taux d'inflation, les banques centrales pourraient ainsi réagir en fonction des variations des prix de l'or.

Seul hic, ce scénario rappelle le système de Bretton Woods, institué au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Dans le système de Bretton Woods, dont l'explosion en 1971 a laissé place au régime de change flottant en vigueur aujourd'hui, toute émission de dollars se faisait en stockant la quantité d'or correspondant, et toutes les monnaies étaient alors définies par rapport au dollar.

Un tel système nécessiterait, entre autres, une production d'or qui puisse croître aussi rapidement que les échanges mondiaux, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Droits de tirage spéciaux

Faire des droits de tirage spéciaux (DTS), instrument monétaire créé par le Fonds monétaire international (FMI) en 1969 et reposant sur un panier de devises, une monnaie de réserve de change supranationale.

Cette piste avait été avancée par Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque populaire de Chine en 2009 pour, expliquait-il alors, une plus grande stabilité du système monétaire international.

La Russie et la France plaident aussi pour cette piste.

Pour le président français Nicolas Sarkozy, les DTS pourraient faire office d'«actif de réserve international qui ne soit pas émis par un seul pays».

Le but est de limiter le creusement du déficit de la balance des paiements des États.

Elle a aussi l'avantage d'être «supra-souveraine», et donc de ne pas donner un avantage au pays dont la monnaie est utilisée comme référence.

En revanche, le principal inconvénient des DTS c'est qu'ils ne servent ni de monnaie de facturation ni de monnaie de transaction.

En outre, si le dollar, l'euro, la livre sterling, et le yen japonais sont utilisés pour calculer la valeur des DTS, ce n'est pas le cas du yuan, la monnaie chinoise, qui fonctionne sur un régime de change administré, avec un taux fixé par le gouvernement.

La création d'une autorité internationale de contrôle et d'arbitrage

Cette structure coordonnerait les émissions monétaires des grandes puissances et forcerait au besoin les pays à revoir leur régime de change, et plus généralement leur politique monétaire.

Les pays du G20 pourraient par exemple se réunir dans le cadre du FMI pour décider de dévaluer ou de réévaluer certaines monnaies en fixant une marge de fluctuation. Les banques centrales s'engageraient à respecter ces décisions.

Seul hic, cette piste implique des transferts de souveraineté difficilement acceptables.

Une autre piste consiste à fixer un objectif chiffré de limitation des déséquilibres des comptes courants des États. Avancée par Washington qui évoquait le chiffre de 4% du PIB, cette idée a été mise entre parenthèses face à l'opposition de la Chine et de l'Allemagne.

Mise en place d'une concertation des politiques monétaires

Cette idée, la moins ambitieuse mais plus réaliste, est défendue par la ministre française de l'Économie, Christine Lagarde. Elle vise à pallier l'absence ou la difficulté de mettre en place un système institutionnalisé en accentuant les efforts pour davantage de coordination.