Le porte-parole du groupe des principales banques centrales, Jean-Claude Trichet, a estimé lundi nécessaire d'avoir plus de «flexibilité» en matière de taux de changes, alors que la problématique de la «guerre des monnaies» doit être abordée lors du G20 cette semaine.

Les principaux banquiers centraux réunis durant deux jours au siège de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle ont exprimé «la nécessité d'avoir progressivement des taux de change plus flexibles», a souligné M. Trichet lors d'une conférence de presse.

L'ensemble des participants à cette réunion, dont les noms ne sont pas rendus public mais qui réunit les principaux argentiers de la planète, «ont mentionné le fait qu'ils ne poursuivent aucune politique de monnaie faible», a ajouté M. Trichet, par ailleurs président de la Banque centrale européenne (BCE).

Ces déclarations interviennent à trois jours du début du sommet du G20 où les dirigeants des pays riches et émergents vont notamment endosser les réformes des nouvelles normes bancaires de Bâle III et aborder le problème de des taux de changes.

Le président brésilien sortant, Luiz Inacio Lula da Silva, dont le pays souffre de la forte appréciation de sa monnaie, le real, a prévenu mercredi qu'il allait se «battre» lors de cette rencontre contre la «guerre des monnaies» entre la Chine et les États-Unis.

La banque centrale des États-Unis (Fed) a par ailleurs été fortement critiquée après avoir annoncé mercredi qu'elle comptait injecter 600 milliards de dollars supplémentaires dans le système financier américain d'ici à la fin du mois de juin.

Cette mesure a été perçue comme favorisant la baisse du cours du dollar pour rendre la première économie mondiale plus compétitive, aux dépens des autres.

Concernant la réforme du système bancaire mondial, le patron de l'institut d'émission européen a affirmé s'attendre à ce que ces nouvelles normes prudentielles soient adoptées par les dirigeants du G20, car elles représentent «une contribution majeure à la stabilité du système financier».

«Nous avons toujours un important travail à accomplir dans un certain nombre de domaines, notamment dans le secteur non bancaire», a cependant souligné M. Trichet au sujet de ces réformes, ajoutant qu'il n'y avait aucune «complaisance» sur ce dossier.

Le nouveau cadre réglementaire dévoilé en septembre prévoit notamment pour les banques un relèvement drastique des exigences en matière de fonds propres, dont le niveau minimum requis va être quasiment quadruplé.

La réforme ne doit entrer en vigueur que début 2013 et accorde ensuite aux banques six années pour se mettre en pleine conformité.

Les patrons des principaux instituts d'émission ont également évoqué la situation de l'économie mondiale. Selon M. Trichet, la reprise économique mondiale est «inégale» en raison de la croissance «impressionnante» des pays émergents, alors que les pays industrialisés affichent une croissance plus mesurée.