Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva participe à son dernier sommet international les 11 et 12 novembre au G20 de Séoul où il présentera son successeur Dilma Rousseff et tentera d'éviter une guerre des monnaies, selon des sources officielles.

Après huit ans à la tête de la principale économie d'Amérique latine, le charismatique Lula fera ses adieux à ses homologues mais enverra aussi un message sévère sur les déséquilibres monétaires.

Comme d'autres pays émergents, le Brésil souffre des distorsions de change et de l'entrée massive de dollars dans le pays qui valorisent la devise locale, le real.

«Je vais au G20 pour me battre. Ils vont devoir affronter Lula et Dilma», a affirmé récemment le président au côté de la présidente élue qui l'accompagnera à Séoul pour son baptême du feu international.

«Les Etats-Unis et la Chine se font une guerre des monnaies. Les Etats-Unis parce qu'ils veulent résoudre leur problème de déficit budgétaire et la Chine parce qu'elle sait qu'elle ne peut pas continuer à avoir sa monnaie dévaluée comme elle l'est» aujourd'hui, a souligné Lula.

Dilma Rousseff a prôné quant à elle des mesures collectives du G20 pour résoudre la guerre des monnaies.

«Il n'y a pas de solution individuelle» à ce problème, a-t-elle souligné.

Pour endiguer la hausse du real qui porte préjudice aux industriels et aux exportateurs, le Brésil a augmenté la taxe sur les investissements étrangers sur le marché obligataire et la banque centrale a acheté massivement des dollars. Mais ces mesures n'ont pas réussi à freiner la hausse du real.

Cette semaine, le real a frôlé sa valeur la plus haute de l'année face au dollar après la décision de la banque centrale américaine d'injecter 600 milliards de dollars dans l'économie.

Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega a critiqué la décision de la Fed adoptée, selon lui, «dans le seul but de déprécier le dollar».

En marge du G20, Lula aura aussi un entretien bilatéral avec le président français Nicolas Sarkozy pour discuter de la vente de 36 avions de chasse au Brésil, l'avion français Rafale étant en compétition avec l'américain Boeing et le suédois Saab.

Le sommet des grands pays industrialisés et des puissantes émergentes sera l'occasion pour Lula de faire «ses adieux» sur la scène internationale, a souligné une source de la présidence.

Le président sortant en profitera pour présenter celle qu'il a réussi à faire élire grâce à sa popularité record, Dilma Rousseff, une économiste et ex-guérillera de 52 ans qui prendra ses fonctions le 1er janvier.

Pour Carlos Teixeira, expert à l'Ecole de guerre navale, Lula a tenté de faire émerger «des acteurs alternatifs à une hégémonie américaine». La passation de pouvoir entre Lula et sa dauphine n'entraînera pas de changement de cap, mais, avec Rousseff, «la diplomatie économique va avoir plus de poids que la diplomatie politique de Lula», a-t-il estimé.

L'ancien ouvrier métallurgiste a le «rare talent de réunir différents courants idéologiques et de s'entendre avec divers gouvernements et leaders.

La question clé est de savoir si le Brésil sera capable de maintenir sa position mondiale dans l'ère post-Lula et comment le Brésil utilisera sa récente influence pour impulser des politiques globales», a déclaré à l'AFP le président du centre d'analyses Dialogue Interaméricain de Washington, Michael Shifter.