Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, s'est dit dimanche préoccupé par les interventions unilatérales sur les cours des devises, dans un contexte de tensions monétaires entre la Chine et les Etats-Unis.

Interrogé par le quotidien Welt am Sonntag sur le risque d'une guerre monétaire, le Français a indiqué: «je ne parlerais pas de guerre mais de plutôt de tensions ou de frictions. Les interventions non coordonnées sur les cours de changes me préoccupent».

«Personne ne pourrait contester que le yuan est sous-évalué. Mais il n'est pas sûr qu'un cours plus fort du yuan créerait automatiquement plus d'emplois aux Etats-Unis», a-t-il ajouté.

Cette situation fait craindre une course à ce que les économistes appellent les dévaluations compétitives, comme au début des années 1930 lorsque la Grande-Bretagne avait enclenché un tel mouvement au niveau mondial.

«Nous avons tous peur de cela», a dit M. Lamy. Mais, a-t-il souligné, «il y a deux ans, après l'effondrement de Lehman Brothers, presque tout le monde a cru que ce genre de protectionnisme arriverait. Jusqu'à maintenant, cela ne s'est pas produit malgré le grand choc».

Tandis que les Etats-Unis accusent la Chine de sous-évaluer le yuan pour faciliter ses exportations, Pékin estime que la politique monétaire américaine d'assouplissement crée une «inflation importée» en Chine.

Mi-septembre, les autorités japonaises sont intervenues sur le marché monétaire international pour abaisser la valeur de la devise nippone.

Les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont exhorté les grands pays dans le monde à «éviter» une guerre des monnaies, dans un texte adopté vendredi en vue du prochain sommet du G20 de Séoul.

Jeudi, le Fonds monétaire international a estimé que le dollar était «fort par rapport à ses fondamentaux», tandis que l'euro, le yen et la livre britannique étaient à leur juste valeur.

A l'issue de la réunion du G20 des 22 et 23 octobre en Corée du Sud, pays riches et émergents ont convenu de s'abstenir d'intervenir pour dévaluer leurs devises, afin de soutenir la croissance mondiale.