La Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi de maintenir son principal taux directeur inchangé à 1%, son plus bas niveau historique, a annoncé un porte-parole de l'institution monétaire.

Ouerdya Aït-Abdelmalek

La Banque centrale européenne (BCE), confrontée à la tentation de ses homologues d'assouplir encore davantage leur politique monétaire et à l'envol de l'euro, a choisi de maintenir le cap en laissant son principal taux directeur inchangé à 1% jeudi.

La BCE laisse ainsi ouvert le robinet du crédit, offrant aux banques des volumes illimités de liquidités à ce taux historiquement bas, adopté en mai 2009.

C'était une décision largement attendue par les économistes qui guettent davantage une éventuelle déclaration du président de l'institution monétaire Jean-Claude Trichet sur le calendrier de sortie des mesures de crise, lors de la conférence de presse qui suit la réunion du conseil des gouverneurs à Francfort.

A la fois agréablement surprise par la vigueur de la reprise dans la zone euro, qui éloigne le spectre d'une rechute, et inquiète de la possibilité que certains établissements financiers deviennent dépendants aux facilités financières qu'elle leur accorde, la BCE a laissé transparaître ces derniers temps la tentation de revenir rapidement à davantage d'orthodoxie.

Mais cette stratégie se heurte à la position radicalement opposée de ses principales homologues.

Jugeant la reprise fragile, la Réserve fédérale américaine (Fed) s'est dite prête à remettre la planche à billets en marche afin de soutenir l'économie nationale. La Banque du Japon a opté pour la même stratégie, renouant cette semaine avec sa politique de taux zéro.

Quant à la Banque d'Angleterre, dont le taux plafonne à 0,5% depuis près de deux ans, elle est tentée, comme la Fed, de relancer son dispositif «d'assouplissement quantitatif» qui consiste à acquérir des titres de créance émis par des entreprises ou par l'Etat.

Pour la BCE, qui se refuse à commenter l'attitude d'autres banques centrales, prendre le contre-pied de ses partenaires signifierait renforcer davantage encore la monnaie unique, avec le risque de casser l'élan retrouvé par l'économie de la zone euro, tiré notamment par l'Allemagne.

La monnaie européenne a atteint mercredi 1,39$ US pour la première fois depuis huit mois, flirtant désormais avec le seuil de 1,40$ US.

Selon le calcul de la Société Générale, une hausse durable de l'euro de 10% par rapport à son cours de mardi (1,38$ US) coûterait de 0,5 à 1% de croissance la première année qui suivrait cette appréciation.

Mercredi, le Fonds monétaire international (FMI), qui a revu en hausse ses prévisions de croissance pour la zone euro en 2010 (à 1,7% contre 1% précédemment), a toutefois prévenu que la reprise, surtout tirée par l'Allemagne, serait modérée en raison des difficultés budgétaires.

Malgré tout, les analystes de Commerzbank estiment que «la lecture de la BCE devrait rester inchangée» et qu'«elle devrait confirmer à nouveau sa position». Ceux de UniCredit prédisent que «M. Trichet ne devrait pas se montrer inquiet sur le niveau de l'euro».

La BCE, dont la raison d'être est de veiller à la stabilité des prix et non d'agir sur les changes, n'est pas intervenue sur le marché des devises depuis 2000: c'était pour soutenir la monnaie unique.

La BCE, qui a déjà mis fin à certaines de ses opérations de prêts sur six mois et un an en faveur des banques, avait en revanche annoncé en septembre trois nouvelles opérations de prêts sur trois mois jusqu'en décembre, «à taux fixe et à volume illimité».

Ses opérations sur une semaine et sur un mois dans les mêmes conditions avaient été prorogées au moins jusqu'en janvier 2011.