Les pressions pour une réévaluation du yuan vont «nuire gravement» au commerce sino-américain, a menacé jeudi la Chine, ajoutant qu'elle «s'oppose fermement» au projet de loi prévoyant des sanctions contre les produits chinois aux États-Unis.

«Les pressions sur le yuan vont nuire gravement aux relations commerciales entre la Chine et les États-unis», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jiang Yu, lors d'un point de presse.

«La Chine s'oppose fermement au projet de loi de la Chambre des représentants sur le yuan», a ajouté Mme Jiang.

La Chambre des représentants américaine a voté à une très large majorité mercredi pour ce projet de loi qui prévoit des droits de douane punitifs contre les produits chinois aux États-Unis si la Chine ne laisse pas s'apprécier significativement sa monnaie.

Le ministère chinois du Commerce avait estimé jeudi matin que le projet de loi américain était «non conforme aux règles de l'OMC.»

Ce projet prend appui sur un critère de l'Organisation mondiale du Commerce qui permet de sanctionner un pays qui agit sur son taux de change pour subventionner ses exportations.

Mais pour Pékin, «lancer des enquêtes antisubventions sur la base du taux de change n'est pas conforme aux règles de l'OMC».

Face aux pressions américaines, Pékin a rétabli en juin une toute petite fluctuation du yuan, de plus ou moins 0,5% par rapport au billet vert, autour d'un cours pivot fixé quotidiennement par la banque centrale.

Le yuan a gagné depuis 1,7% par rapport au dollar.

Certains parlementaires américains estiment que la monnaie chinoise est sous-évaluée de 25% à 40%, conférant un avantage compétitif indu aux produits chinois, tandis que l'excédent commercial chinois se maintient à un niveau élevé.

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a exclu la semaine dernière toute appréciation drastique du yuan, expliquant que cela pourrait provoquer des difficultés économiques et des troubles sociaux en Chine.

Mercredi, le président américain Barack Obama a expliqué que la sous-évaluation du yuan n'était pas la raison principale du déficit américain dans ses échanges commerciaux avec la Chine mais que cela y contribuait. M. Obama ne s'est pas encore prononcé sur le projet de loi.

De leur côté, les entreprises américaines implantées en Chine ont fait savoir qu'elles s'opposaient à des sanctions.

«Montrer la Chine du doigt ne va pas aider l'économie américaine, mais cette loi pourrait faire perdre des emplois aux États-Unis», a déclaré John Watkins, président de la Chambre américaine de commerce en Chine, dans un communiqué.

Il a ajouté espérer que le Sénat, qui doit examiner un texte similaire après les élections de mi-mandat du 2 novembre, ne l'adopterait pas.

Selon M. Watkins, «les parlementaires américains devraient se consacrer à préparer une réponse à la myriade de politiques industrielles chinoises, à la faible protection de la propriété intellectuelle et à un accès au marché (chinois) de plus en plus difficile».