La Banque centrale européenne (BCE) a appelé mercredi à la prudence pour le secteur bancaire européen, encore fragilisé par la crise et qui doit faire face aux nouvelles normes comptables dites de Bâle III.

D'une part, l'un de ses responsables, Lorenzo Bini Smaghi, a détaillé dans un discours à Milan les effets indésirables possibles de la réforme des normes bancaires.

Les changements des exigences en fonds propres pour les instituts financiers auront pour conséquence de «catégoriser» davantage des actifs selon leur qualité, a expliqué M. Bini Smaghi.

«Cela implique aussi que des changements dans les conditions de marché, par exemple une révision à la baisse (de la qualité des actifs, par exemple par une agence de notation), va faire passer soudainement des actifs d'une catégorie dans l'autre», a-t-il expliqué.

En clair, les banques possédant des titres jugés de bonne qualité, vont voir ces actifs se dégrader soudainement, par un «effet de chute brutale» comme l'a déclaré M. Bini Smaghi, ce qui va les obliger pour compenser le phénomène à renflouer leurs caisses avec de l'argent liquide et donc à vouloir emprunter davantage auprès de la BCE.

Ces «pics de demande» temporaires pourraient «polluer» le contrôle des taux d'intérêts à court terme, a encore estimé M. Bini Smaghi.

L'objectif de Bâle III est d'obliger les banques à se couvrir davantage face aux risques, pour minimiser les risques de faillite.

Par ailleurs la BCE a publié mercredi un rapport sur les banques au ton très prudent.

«La capacité du secteur bancaire européen à absorber les chocs s'est améliorée au cours des 12 derniers mois» mais «la possibilité d'une rechute dans leur rentabilité et d'un effet adverse sur l'offre de crédit restent des risques importants», a estimé l'institut.

La BCE a aussi appelé les banques à modifier leur communication financière, et à accorder moins d'importance à un indicateur de rentabilité chéri par les marchés: la rentabilité des fonds propres (return on equity).

Cet indicateur est un ratio calculé en divisant le bénéfice net par les fonds propres, ceux engagés par les actionnaires. Plus il est élevé, plus l'investissement des actionnaires est rentable.

La BCE juge toutefois que la mise en avant de ce ratio «ne s'est pas révélée adéquate dans un contexte de grande volatilité», car elle occulte le profil de risque de la banque et ne donne qu'un «instantané» de sa situation au détriment d'interprétations à long terme.