La taxe sur les transactions financières, défendue lundi par la France à la tribune de l'ONU, bute sur l'opposition de plusieurs grands pays dans le monde et peine à faire consensus en Europe même.

Avec la crise financière mondiale de 2008 et 2009, l'idée de cette ponction, également appelée «taxe Tobin» et pour laquelle de nombreux pays européens militent, est revenue au premier plan.

L'économiste américain James Tobin avait suggéré le premier dans les années 70 une taxe sur les transactions financières pour ralentir la volatilité sur le marché des changes, d'où le nom de «taxe Tobin». L'idée a resurgi avec la crise, avec des modalités et objectifs différents.

Aujourd'hui, le but est de faire participer les banques au financement de la crise. Dans l'esprit de ses promoteurs, la taxe permettrait aussi à la fois de freiner la spéculation et d'aider au financement de l'aide au développement des pays pauvres ou à celui de la lutte contre le réchauffement climatique.

Mais lors du sommet du G20 de Toronto en juin, l'Europe s'est retrouvée assez isolée face à l'opposition résolue des pays asiatiques, du Canada, ou encore de l'Australie. Les États-Unis, eux, restent sur la réserve.

Or, une telle taxe, si elle n'est imposée que dans un seul pays ou un seul groupe de pays, risque de se traduire par une fuite des capitaux vers des cieux plus cléments, avec des conséquences économiques potentiellement sérieuses.

La Suède, qui avait mis en place une taxe sur les transactions financières dans les années 80, l'a appris à ses dépens. Elle a décidé de la supprimer après quelques années sur un constat d'échec.

C'est la raison pour laquelle la France a décidé de reprendre le bâton de pèlerin européen sur cette question. Paris en a fait à nouveau une priorité au niveau mondial lors de sa présidence du G20 qui débute en novembre.

À défaut d'accord global, l'Allemagne, notamment, est favorable à ce qu'elle soit mise en oeuvre au niveau européen.

Mais la Commission européenne est sceptique. «Il pourrait y avoir des effets indésirables considérables et les possibilités de contourner la taxe augmentent en fonction de la complexité de l'opération», a-t-elle mis en garde dans une récente étude.

La Commission se montre moins critique concernant une taxe sur les «activités financières», déjà appliquée par plusieurs pays, portant sur les profits ou le bilan des institutions financières. Les pays de l'UE, eux sont divisés. La Grande-Bretagne, en particulier, n'y est guère favorable.