La crise économique est à l'origine d'une raréfaction de l'aide aux pays pauvres qui risque d'entraver la réalisation des Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD), a averti jeudi le chef de l'ONU Ban Ki-moon.

«Le bouleversement (créé par la crise économique mondiale) a causé de nouvelles pénuries dans le domaine des aides, du commerce et de la dette ainsi que d'un accès convenable aux médicaments et à la technologie», a souligné le secrétaire général de l'ONU.

«Bien que le niveau des aides au développement soit à son plus haut, il manque 20 milliards de dollars d'engagements pris pour cette année», a-t-il souligné. «L'Afrique compte pour 80% de ce déficit, soit 16 milliards», a-t-il expliqué.

«Il est particulièrement affligeant que les zones où les besoins sont les plus grands sont aussi les zones qui représentent la part du lion de ces déficits» en aides publiques, a noté M. Ban.

«Des progrès substantiels ont été réalisés dans l'allègement de la dette pour les pays les plus pauvres». Mais le sort de nombre d'entre eux est encore conditionné par le poids de la dette, a-t-il ajouté.

«Pris dans son ensemble, le rapport (réalisé par le groupe de travail sur les OMD) devrait motiver les dirigeants du monde à agir dans l'urgence lors du prochain sommet», a-t-il dit.

Outre la réduction de moitié de la pauvreté extrême dans le monde d'ici à 2015, les OMD, fixés en 2000, consistent à assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le sida, le paludisme et d'autres maladies, protéger l'environnement et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Un sommet sur les OMD du 20 au 22 septembre rassemblera les chefs d'État et de gouvernement des 192 États membres de l'ONU juste avant le début de la réunion de l'Assemblée générale de l'ONU.

Dans son rapport, le groupe de travail de l'ONU souligne que «l'insuffisance des fonds destinés à prendre les mesures convenues pour combattre la pauvreté et relever les niveaux de vie met en danger la réalisation des OMD».

Un autre rapport de l'ONU, intitulé «le partenariat mondial pour le développement à la croisée des chemins» conclut «à de sérieux déficits par rapport à ces engagements, alors que nous ne sommes qu'à cinq ans de la date butoir fixée pour la réalisation de ces objectifs».

À Washington, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a souligné que «tout tourne autour de la restauration d'une croissance globale équilibrée».

«C'est là le fondement sur lequel tout le reste est construit. La croissance n'est pas suffisante, mais certainement sans elle tous les efforts pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement seront contrariés», a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, le FMI a souligné que les pays en développement devaient se concentrer sur le fait de restaurer une croissance forte et de faire en sorte que leurs économies soient mieux préparées aux chocs extérieurs.

Le premier adjoint au directeur général John Lipsky, dans un discours à Washington, a relevé que «des années de progrès semblent avoir été perdues et la dynamique positive a déraillé». «Plus important, la croissance perdue signifie des perspectives retardées pour la réduction de la pauvreté».