De nouvelles normes prudentielles internationales du secteur bancaire pourraient obliger les banques à considérablement renforcer leurs fonds propres et à réduire leurs activités de prêts, a averti lundi la fédération allemande des banques privées (BdB).

Le Comité de Bâle, chargé de l'élaboration de ces nouvelles normes dites de Bâle III, doit se réunir mardi et aborder notamment la question d'un niveau minimum de fonds propres des banques par rapport à leurs engagements, a indiqué à l'AFP une porte-parole de la Banque des règlements internationaux (BRI).

L'introduction d'un tel ratio dit «de levier» serait «contre-productif» car les banques se verraient obligées de réduire leurs activités de crédit, selon un communiqué de la fédération BdB.

«Celui qui va trop loin menace la reprise économique et les développements positifs sur le marché du travail», poursuit le communiqué.

A lui seul, un ratio minimum de 8% de noyau dur des fonds propres (core Tier 1) obligerait par exemple les banques allemandes à lever jusqu'à 36 milliards d'euros de fonds propres supplémentaires, selon la fédération.

Cette estimation se base «sur un scénario réaliste» qui a des chances d'être retenu par le Comité de Bâle, a expliqué à l'AFP un porte-parole du BdB. Toujours selon ce scénario, les 10 plus grandes banques allemandes auraient besoin de lever jusqu'à 105 milliards d'euros pour s'adapter à l'ensemble du nouveau cadre réglementaire, a-t-il ajouté.

Fin juillet, Berlin avait émis des réserves sur le dossier, défendant notamment une définition plus large des fonds propres.

Certaines banques allemandes, notamment les banques publiques régionales («Landesbanken») sont en effet largement dotées de capitaux hybrides qui ne résisteraient pas à une définition restrictive des fonds propres par le Comité de Bâle.

L'Allemagne n'a pas l'intention de bloquer Bâle III, mais espère une période de transition suffisante pour mettre en place les nouvelles règles, a fait savoir vendredi le ministre fédéral des Finances Wolfgang Schäuble.

Les régulateurs prévoient de laisser entre 6 et 8 ans aux instituts pour s'adapter, selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung de lundi. «Nous préférerions une période allant de 10 à 12 ans», a déclaré le porte-parole du BdB.

Les règles de Bâle III doivent être soumises au G20 de Séoul en novembre et validées par les dirigeants des grands pays développés et émergents. Les précédentes règles dites de Bâle II n'avaient pas été adoptées par les banques américaines, posant des problèmes de distorsion de concurrence.