Tout en se gardant de parler d'un plan de rigueur pour ne pas susciter l'ire des contribuables, le gouvernement français multiplie les gages à l'attention des marchés financiers.

Lundi, la ministre des Finances, Christine Lagarde, a commencé à détailler comment elle entendait récupérer 10 milliards d'euros en révisant les «niches fiscales» existantes au pays. La politicienne entend notamment revoir la fiscalité touchant le secteur des assurances au risque de heurter nombre de familles de la classe moyenne.

Une exemption de taxe touchant un régime complémentaire d'assurance-santé sera notamment abolie, a précisé Mme Lagarde. Ce qui revient «à créer un nouvel impôt sur les ménages», au dire du Groupement des entreprises mutuelles d'assurance.

Le gouvernement, de son côté, maintient qu'il n'est pas question d'imposer de hausses d'impôt générales ou de taxe de vente. «Baisser la réduction d'impôts de certains, ce n'est pas augmenter les impôts pour tous», plaide le secrétaire général du parti de la majorité, Xavier Bertrand.

L'objectif initial de révision des niches fiscales était de 5 milliards d'euros, mais il a encore été revu à la hausse lors d'une réunion extraordinaire tenue par le président français Nicolas Sarkozy il y a 10 jours, durant sa période officielle de vacances.

Le chef d'État avait déjà annoncé il y a quelques mois la décision du gouvernement de geler les dépenses des ministères pour les trois années à venir.

L'annonce sur les niches fiscales est survenue au moment où Moody's mettait en garde les dirigeants français contre la perte possible de la cote AAA du pays, une décision qui viendrait considérablement alourdir les coûts d'emprunt de l'État.

Le «chemin à parcourir» avant une telle révision «s'est encore réduit», a prévenu l'agence de notation en évoquant la difficulté des «ajustements budgétaires» requis.

L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a relevé récemment que le déficit public et la dette de la France devraient s'élever respectivement à 7,5% et 77,6% du PIB en 2009.

Le gouvernement, dans un plan de stabilité transmis à la Commission européenne plus tôt dans l'année, s'est engagé à ramener le déficit public sous la barre des 3% en 2013.

L'atteinte de cet objectif reposait notamment sur un taux de croissance annuel de l'économie de 2,5% que Paris vient de réviser à la baisse.

Réforme des retraites

En plus de s'attaquer aux niches fiscales, le gouvernement mise sur le succès de la réforme des retraites pour rétablir ses finances.

Le projet à l'étude, qui doit être discuté à l'Assemblée nationale la semaine prochaine, soulève une forte contestation. Les syndicats orchestrent une importante journée de protestation le 7 septembre pour faire entendre leur courroux.

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, l'un des principaux syndicats, pense que Nicolas Sarkozy est «beaucoup plus fébrile» qu'il ne veut le faire croire relativement à l'affrontement qui s'annonce.

Le ministre du Travail, Éric Woerth, qui est responsable de la réforme, maintient qu'il n'est pas question de revenir sur le report prévu de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans. «C'est retenir un âge de raison en tirant les conséquences du fait qu'on vit plus longtemps», plaide-t-il en entrevue au Figaro.

Le politicien est en position de faiblesse pour mener la bataille puisqu'il tente depuis plusieurs mois de se débarrasser d'allégations de conflit d'intérêts découlant de son rôle dans l'affaire Bettencourt, du nom de la riche héritière de l'Oréal mise en cause pour évasion fiscale.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a relevé en fin de semaine que cette histoire démontre «l'incroyable mansuétude dont jouit une minorité de privilégiés» au moment où la population est appelée à se serrer la ceinture.