Les éleveurs de moutons de Nouvelle-Zélande adoptent en masse un programme gouvernemental d'échange de droits d'émission de carbone par lequel il s'avère plus payant de planter des arbres que de vendre de la laine et du mouton.

Le système, mis en place en 2008 et le seul du genre hors de l'Europe, accorde aux éleveurs des crédits qui sont vendus pour compenser des émissions de gaz à effet de serre. Le projet peut leur rapporter environ 600 dollars néo-zélandais l'hectare (soit environ 445$ CAN) par année pour une terre estimée peu rentable pour l'élevage d'animaux, précise David Evison, un conférencier de l'école de foresterie de l'Université de Canterbury en Nouvelle-Zélande.

La superficie plantée pour obtenir des crédits de carbone pourrait atteindre 30 000 hectares par année comparativement à 3500 hectares en 2009, selon les estimations du gouvernement néo-zélandais. Le système constitue une solution de rechange bienvenue pour les éleveurs de moutons qui en arrachent depuis des décennies à cause de la baisse des prix de la laine, de la sécheresse et de la compétition pour le sol de la part des industries laitières et du bois d'oeuvre, explique Neil Walker, un forestier de la région de Taranaki, dans l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande.

«Si votre industrie est en déclin, il vous faut examiner quelles options sont disponibles», indique M. Walker, qui est à la tête du comité de planification du conseil régional de Taranaki. «Il y a des arguments économiques à considérer en ce qui concerne la conversion en forêts des fermes d'élevage de moutons dans les régions montagneuses», ajoute-t-il.

L'industrie ovine est en déclin depuis des décennies et elle est passée d'un sommet de 70 millions de têtes en 1982 à environ 40 millions aujourd'hui, démontrent des données officielles. Mais si des éleveurs accueillent volontiers le programme d'échange de droits d'émission de carbone, d'autres le rejettent, arguant qu'il s'agit d'un changement trop draconien pour la Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial de viande de mouton.

Le projet d'échange de droits d'émission de carbone a été élargi en juillet dernier et il oblige maintenant les producteurs d'énergie à payer pour leurs émissions. Et d'ici 2015, le programme inclura l'agriculture, ce qui forcera les fermiers à payer pour les émissions de leurs vaches et de leurs moutons produites par leurs flatulences.

De l'avis de Don Nicolson, président de Federated Farmers of New Zealand Inc., ce programme est un fardeau trop lourd pour ses 25 000 membres. Ce groupe s'oppose donc au programme, plus particulièrement depuis qu'il est devenu évident que le pays sera pratiquement le seul à adopter une telle politique.