La Banque centrale européenne (BCE) relancera début 2011 sa réflexion sur le retrait de ses mesures anti-crise, a déclaré Axel Weber, l'un de ses dirigeants les plus influents, dans une interview diffusée vendredi sur Bloomberg TV.

«La plupart des discussions sur la poursuite du retrait auront lieu je pense au premier trimestre», a estimé l'Allemand Axel Weber, membre du conseil des gouverneurs de la BCE et président de la Bundesbank. «Il est clair que nous devons réembarquer dans une procédure de normalisation», a-t-il ajouté.

Il serait «sage» que la BCE continue de prêter des volumes illimités aux banques au-delà de la période de fin d'année, «qui est en général entourée d'une certaine incertitude sur le niveau de liquidités», selon lui.

Le désengagement progressif de la BCE de ses mesures exceptionnelles au secteur bancaire, mises en place à l'automne 2008 en pleine crise financière, avait été retardé par la crise de la dette en zone euro au printemps, qui avait de nouveau tendu les marchés financiers.

En clair, la BCE ne devrait pas changer d'ici 2011 ses conditions actuelles de prêt aux banques sur ses opérations sur une semaine, un mois et trois mois.

Quant à son principal taux directeur, il stationne à 1% depuis mai 2009, son plus bas niveau historique, et les économistes ne s'attendent pas le voir relevé avant le deuxième semestre 2011.

Jusqu'à présent le président de la BCE Jean-Claude Trichet avait garanti des prêts à volumes illimités jusqu'au 12 octobre pour l'opération principale sur une semaine et jusqu'à fin septembre pour l'opération sur trois mois, sans fixer de calendrier pour la suite.

L'Allemand a ainsi pris de l'avance sur la prochaine réunion du conseil des gouverneurs de la BCE le 2 septembre. «Ses commentaires pourraient peut-être irriter le président Trichet, qui souligne toujours sa prérogative de président de la BCE d'être le "porte-parole" du conseil (des gouverneurs)», estiment des économistes de Barclays Capital dans une note.

D'ailleurs Axel Weber, connu pour ses avis tranchés, a encore donné davantage de crédit à sa candidature officieuse à la succession de Jean-Claude Trichet en octobre 2011, en affirmant qu'un président de l'institution monétaire n'avait pas besoin d'être «diplomate» avec les gouvernements, après avoir été interrogé par Bloomberg TV sur ses qualités pour occuper le poste.

«Nous avons un très bon président de la BCE. Il a encore plus d'un an de mandat devant lui et nous devons nous concentrer sur la résolution des problèmes à venir sur les marchés financiers», a-t-il tempéré.