Les chiffres de la croissance au deuxième trimestre, publiés vendredi par l'Insee, devraient faire état d'un petit rebond de l'activité, mais la reprise devrait ensuite mollir, permettant tout juste d'atteindre l'objectif du gouvernement de 1,4% pour l'ensemble de l'année.

Dans ses dernières prévisions, fin juin, l'Institut national de la statistique tablait sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de la France de 0,5% au deuxième trimestre, soit «un léger rebond» après une croissance de seulement 0,1% enregistrée sur les trois premiers mois de 2010.

C'est près de trois fois moins que ce qu'attendent les économistes pour la croissance de l'Allemagne sur la même période (1,4%), dont les chiffres seront publiés vendredi également.

Selon l'Insee, la reprise se prolongerait ensuite en France «à petite vitesse», avec une croissance de l'ordre de 0,4% par trimestre au second semestre 2010.

Un peu moins optimiste, la Banque de France s'attend, elle, à une croissance de 0,4% au deuxième trimestre, puis de 0,3% au troisième.

Comme au premier trimestre, l'Insee table sur une stagnation de la consommation, traditionnel moteur de la croissance française, plombée au deuxième trimestre par un chômage élevé et la remontée de l'inflation.

L'investissement privé devrait, lui, avoir été relancé mais de façon «modérée», avec des capacités productives encore sous-utilisées.

La production industrielle française, qui est repartie à la baisse en juin, est d'ailleurs restée en hausse au deuxième trimestre, mais à des niveaux bien inférieurs à ceux d'avant la crise.

Soutenu par la reprise du commerce mondial, le commerce extérieur, troisième pilier de l'activité, devrait aussi avoir légèrement contribué à la croissance, selon l'Insee.

«La nouveauté de l'après-crise, c'est que les exportations sont plus dynamiques que la consommation, tirée vers le bas par l'absence de pouvoir d'achat», relève Nicolas Bouzou, économiste au cabinet Asterès.

Seules sources de satisfaction, selon lui: les recettes fiscales, jusqu'ici plutôt en ligne avec les prévisions, et les profits en hausse des entreprises.

Pour l'Insee, comme pour le gouvernement, l'activité devrait au total progresser de 1,4% en 2010, après la récession historique de l'année précédente (-2,5%).

Les économistes et les principales organisations internationales jugent en revanche bien trop optimiste la prévision française pour 2011 d'une croissance de 2,5%.

Olivier Gasnier, économiste à la Société Générale, parie notamment sur un tassement des exportations au second semestre, sur fond de remontée de l'euro et de mise en place des différents plans d'austérité en Europe, principal partenaire commercial de la France.

«Si on ajoute à cela le ralentissement de l'activité observé aux États-Unis et en Chine, on sera plus proche d'une croissance de 1% l'an prochain», avance-t-il.

Le gouvernement français n'a pas exclu de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2011 au vu des chiffres de croissance du deuxième trimestre.

Résolu à réduire drastiquement son déficit public de 8% du PIB cette année à 6% l'an prochain, il lui faudrait alors décider de nouvelles mesures de rigueur pour tenir cet objectif et ne pas craindre une sanction des marchés.

Il a déjà annoncé une série de coupes budgétaires et de réduction des dépenses fiscales, qu'il doit maintenant mettre en musique avant la présentation du budget fin septembre.

Mais plusieurs parlementaires estiment qu'il n'aura pas d'autre choix que d'annoncer aussi des hausses d'impôts.