La Chine a affiché en juillet un excédent commercial plus fort qu'attendu, à 28,7 milliards de dollars, malgré des exportations en progression ralentie, de quoi renforcer les pressions internationales pour que Pékin laisse son yuan s'apprécier.

Les chiffres publiés mardi par les douanes chinoises montrent que les produits chinois, des téléviseurs aux vêtements, n'ont pas souffert de la crise de la dette en Europe, ni de la faiblesse de la reprise aux États-Unis.

Le ralentissement de leur croissance n'en a pas moins inquiété les marchés, la Bourse de Shanghai perdant mardi 2,89% et celle de Hong Kong de 1,50%, les prix du pétrole reculant eux aussi à Londres, à la suite d'une diminution des importations chinoises d'or noir.

L'excédent commercial, le plus élevé depuis janvier 2009, dépasse de 43% celui du mois de juin. Il est largement supérieur aux prévisions des analystes, qui avaient tablé sur un excédent de l'ordre de 20 milliards de dollars.

La situation a changé radicalement depuis le mois de mars, lorsque la Chine avait enregistré pour la première fois en 6 ans un déficit mensuel de son commerce extérieur.

Les exportations ont atteint en juillet un niveau record à 145,52 milliards de dollars, soit une augmentation de 38,1% par rapport à juillet 2009.

Les importations ont quant à elles augmenté de 22,7% en glissement annuel, à 116,79 milliards de dollars, marquant une décélération pour le quatrième mois consécutif.

Le rythme de l'envolée des exportations a également ralenti par rapport à juin, alors que les aciéristes et négociants en charbon ou minerais accéléraient les livraisons avant l'annulation de certains avantages fiscaux sur une gamme de produits le mois dernier.

Pékin s'attend à ce que ce ralentissement se prolonge durant le restant de l'année à cause des incertitudes pesant sur les grandes économies étrangères.

Cette perspective devrait encourager les autorités à renforcer leur contrôle du taux de change du yuan, dans la crainte de voir une appréciation de la monnaie pénaliser les exportations.

Mais la hausse de l'excédent commercial apporte de nouveaux arguments aux grands partenaires de la Chine, qui accusent Pékin de maintenir sa monnaie à un taux artificiellement bas pour pouvoir vendre moins cher à l'étranger.

«Aux États-Unis, le taux de chômage est proche des 10% et les statistiques qui doivent être publiées cette semaine devraient encore montrer un énorme déficit commercial de plus de 40 milliards de dollars», relève Brian Jackson, analyste à la Royal Bank of Canada à Hong Kong.

«Ce contraste dans la balance commerciale des deux plus grandes économies mondiales risque d'accroître la pression de Washington sur Pékin visant à réévaluer le yuan», a-t-il ajouté.

Pékin s'est engagé à la mi-juin à laisser le yuan évoluer plus librement par rapport au dollar, en réinstaurant une marge de fluctuation de 5% autour d'un cours pivot fixé quotidiennement.

Mais depuis cette annonce, le yuan a gagné moins de 1% par rapport au billet vert, alors que certains parlementaires américains considèrent que la monnaie chinoise devrait être réévaluée de 40%.

Pour Ben Simpfendorfer, économiste à la Royal Bank of Scotland, la conjonction d'une hausse de l'excédent commercial et d'un ralentissement de la croissance des exportations de la Chine, qui pourrait se poursuivre d'ici la fin de l'année, sera source de tensions.

Selon lui «les deux développements ne vont que renforcer l'insistence de Washington pour un yuan plus fort tout comme la résistance de Pékin» à un flottement accru de sa monnaie.