La publication des résultats des tests de résistance a profité aux grandes banques européennes mais n'est pas parvenue à restaurer la confiance dans un secteur où l'accès au financement reste plus délicat qu'avant la crise.

Après avoir d'abord accueilli avec circonspection les résultats des tests, jugeant qu'ils n'étaient pas assez exigeants, les marchés ont finalement reconnu que l'exercice avait permis d'éclairer leur lanterne sur la situation financière des banques européennes.

«Malgré des imperfections (...), ils devraient permettre de réduire l'incertitude et contribuer à soutenir la valeur boursière et l'accès au financement des banques européennes les plus solides», ont commenté les analystes de la banque américaine Morgan Stanley.

Pour les autres, néanmoins, l'exercice n'a pas amené d'éclaircie. «A part BBVA et Santander, cela reste difficile d'émettre (de la dette sur les marchés) pour les banques espagnoles, mais aussi grecques et portugaises», explique Olivia Frisé, analyste chez BNP Paribas.

Ces établissements s'appuient parfois sur l'Etat, comme en Espagne avec le fonds de soutien aux caisses d'Epargne (Rob), mais surtout sur la Banque centrale européenne (BCE), qui leur assure depuis la crise financière un financement illimité, même s'il ne dépasse plus de trois mois.

«Depuis la chute de Lehman, il y a toujours 100 ou 120 banques en Europe qui n'ont pas vraiment accès au marché monétaire», car elles suscitent la méfiance, constate un opérateur sur le marché interbancaire, pour qui ce sont, pour l'essentiel, des banques de taille moyenne.

Après la publication des résultats des tests, les trois principales agences de notation ont toutes fait état de leurs craintes pour le financement des établissements européens les plus fragiles.

«L'industrie, particulièrement les banques de moindre standing et les établissements affaiblis, s'expose, à moyen terme, à un risque en matière de refinancement avec l'extinction des dispositifs de soutien», a prévenu  l'agence Standard and Poor's.

Le retrait total des mesures accommodantes de la BCE ne semble donc pas envisageable à court, voire à moyen terme.

«J'ai du mal à imaginer qu'ils mettent des systèmes financiers entiers en difficulté», privant des dizaines de banques de leur seul moyen d'emprunter des fonds, relève Mme Frieser.

«Même s'il y a des tiraillements au sein de la BCE, on peut se demander s'ils ont le choix», ajoute-t-elle.

Mais depuis la chute de Lehman Brothers, la situation n'a pas changé que pour quelques banques de taille modeste. Toutes les banques européennes, aussi renommées soient-elles, sont confrontées à des conditions de financement plus difficiles et plus onéreuses.

«Au-delà de trois mois, cela reste dur de se financer», reconnaissait récemment un dirigeant de banque.

Chasse aux dépôts, recherche d'investisseurs sur d'autres continents, dans d'autres monnaies, placement de dette directement chez les clients du réseau, les banques ont été contraintes de diversifier leurs sources de financement pour compenser la méfiance durable de certains investisseurs.

Elles pourraient également bénéficier de nouvelles recapitalisations ou encore d'une meilleure visibilité macroéconomique, la crainte d'une rechute de l'économie continuant de plomber le moral des investisseurs.

Mais pour plusieurs petites banques, le risque de «marginalisation» pointe, pour Mme Frieser. Pour l'heure, les pouvoirs publics maintiennent leur soutien, «mais si cela devient trop lourd à porter pour les Etats, on peut imaginer que certaines banques soient démantelées», selon elle.