Qui sont les maillons faibles? Les conclusions des stress tests réalisés sur 91 banques de l'Union européenne pour évaluer leur résistance financière à une crise économique étaient très attendues vendredi par les marchés, au nom de la transparence. Nicolas Sarkozy s'est déclaré confiant pour les banques françaises.

À un journaliste qui lui demandait s'il était inquiet pour les établissements du pays, le président a répondu par un sobre «Non».

Le Conseil européen avait décidé en juin de rendre publics les résultats des stress tests du Comité européen des contrôleurs bancaires (CEBS) pour rassurer les marchés sur la solidité des banques de l'Union à la sortie de la récession mondiale, et sur leur exposition à l'endettement des États.

La plupart des analystes s'attendent à ce qu'une poignée d'établissements soient recalés et doivent renforcer leurs fonds propres, mais certains doutent de la sévérité des critères retenus. Du coup, «la publication des résultats ne sera probablement pas la balle en argent qui garantira une normalisation rapide du système bancaire», estime Marco Annunziata, économiste en chef au bureau londonien du groupe bancaire italien UniCredit.

Le CEBS n'a en effet fourni que peu de précisions sur la façon dont il a mené son évaluation, contrairement à ce qui s'était passé l'an dernier aux États-Unis. Plus de la moitié des banques américaines avaient échoué et dû se recapitaliser, mais cette clarification avait contribué au redressement de Wall Street.

La principale inconnue des tests européens réside dans les pertes potentielles auxquelles, selon le CEBS, les banques sont exposées du fait de leur investissement dans les obligations souveraines, surtout celles de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne, les trois pays considérés comme les plus vulnérables financièrement. Le CEBS a travaillé sur l'hypothèse d'une croissance économique de trois points inférieure aux prévisions de la Commission, qui table sur 1% en 2010 et 1,7% en 2011.

Quels que soient les critères retenus, les analystes financiers estiment généralement qu'une dizaine de banques devraient échouer et être recapitalisées par des fonds privés ou publics.

Les petites caisses d'épargne espagnoles, les «cajas», frappées par la crise immobilière et de la construction, et les ôôLandesbanken» régionales allemandes, victimes de l'investissement excessif sur les marchés financiers mondiaux avant la crise de 2008, sont les plus exposées au risque, mais elles ne sont pas cotées en bourse. Les marchés s'intéressent bien plus aux grands groupes comme Deutsche Bank, BNP Paribas en France ou Barclays en Grande-Bretagne.

Les 91 banques soumises aux tests de résistance représentent 65% du secteur bancaire de l'UE et 20 des 27 pays-membres -la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie et la Slovaquie n'ont pas été inclues.

L'Union européenne a tenté en vain de rassurer les marchés ces derniers mois avec un prêt international de 110 milliards d'euros pour la Grèce et plan de stabilisation de la zone euro à 750 milliards, mais les investisseurs continuent de douter des banques, déjà ébranlées par la récession économique mondiale. Faute de financement, de nombreux établissements du bloc sont devenus plus dépendants des fonds d'urgence de la Banque centrale européenne (BCE) pour couvrir leurs besoins courants.

Une fois connus les résultats des stress tests, les banques recalées devront trouver des fonds, le plus probablement grâce au contribuable. «Le plus important, c'est de voir quelles mesures prendront les gouvernements pour soutenir les institutions défaillantes, et si le total des capitaux manquants selon les tests correspond à l'estimation des marchés», explique Marc Ostwald, stratège de marchés chez Monument Securities.

Hors de l'UE, la Suisse devrait également publier les résultats de ses stress tests. Les deux géants de la banque helvétique, UBS et Crédit Suisse, qui ont récemment augmenté leurs fonds propres et se sont débarrassés de plusieurs milliards de francs suisses de créances douteuses, ont toutes les chances d'avoir réussi l'épreuve.