Plusieurs banques européennes discutent de la création d'un fonds de 20 milliards d'euros qui pourrait les aider en cas d'une nouvelle crise financière, écrit lundi dans le Financial Times le directeur général de la banque italienne UniCredit.

Ce fonds permettrait aux banques de se passer des aides gouvernementales et d'éviter une taxe générale sur les banques réclamée par certains pays dont la France, souligne Alessandro Profumo dans une tribune.

«Avec des contributions volontaires des grandes banques internationales européennes, disons les 20 plus grandes, un fonds de sauvetage européen pourrait accumuler un capital risque d'un montant important en quelques années», explique-t-il.

Selon lui, «l'option qu'auraient les autorités de recourir à ce fonds pour stabiliser une ou plusieurs banques en mauvais état serait en mesure de montrer au marché qu'une crise peut être endiguée à un stade précoce», ajoute-t-il, insistant sur le fait que ce fonds «n'aurait pas besoin d'une contribution des États membres ou des autorités européennes».

Le patron d'UniCredit observe qu'a contrario, «l'instauration d'une taxe pour le remboursement de l'argent public dépensé à sauver les banques ne serait pas juste pour celles qui n'en ont pas reçu».

«De surcroît, insiste-t-il, une telle taxe signifierait un montant énorme de ressources, quelque 2 à 4% du produit intérieur brut, selon le FMI, ce qui affecterait inévitablement la reprise et la croissance».

M. Profumo va essayer de rallier à sa proposition les grandes banques européennes dans les semaines à venir. Deutsche Bank et Santander auraient déjà montré leur intérêt pour cette idée, selon le FT.

Le commissaire européen au Marché intérieur, Michel Barnier, a jugé «assez encourageante» l'initiative volontaire des grandes banques, évoquée par M. Profumo.

«Cette idée d'un fonds privé pour les grandes banques, qui ont plus de dimension et de risque que les autres, n'est pas exclusive d'un système plus généralisé avec une contribution ciblée de tous les établissements financiers pour financer dans chaque pays un fonds de prévoyance», a-t-il néanmoins jugé.

Pour lui, les grandes banques peuvent toujours «faire plus et se protéger davantage».

Le 26 mai, la Commission européenne avait proposé de créer des fonds nationaux de prévoyance financés par une contribution des banques pour faire face aux futures crises financières.

Ce réseau européen de «fonds de résolution des défaillances bancaires» devra toutefois recevoir l'aval des pays de l'UE. Ces fonds ne seraient pas destinés au sauvetage de banques en difficulté, mais plutôt à organiser leur assainissement et leur restructuration.

La Commission veut imposer aux États de constituer ces fonds selon des règles communes, auxquels les institutions financières seraient tenues de cotiser.