Le pic de la crise s'agissant de l'emploi est «probablement» atteint mais le chômage mettra du temps à reculer, souligne l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans son rapport annuel «Perspectives de l'emploi» publié mercredi à Paris.

Le taux de chômage dans la zone OCDE est à son «plus haut niveau» depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il a atteint 8,7% en moyenne en mars 2010 (et 8,6% en mai 2010), soit plus de 17 millions de chômeurs supplémentaires depuis 2007, selon l'OCDE, qui presse les États de garder des moyens suffisants pour l'emploi malgré les tensions budgétaires.

«Les données récentes tendent à indiquer que le chômage a peut-être atteint son point le plus haut dans la zone OCDE», il «approche probablement de son pic, mais ne devrait reculer que lentement», précise son rapport.

«En outre, une mesure plus large du chômage prenant en compte les inactifs qui souhaiteraient travailler et les travailleurs à temps partiel qui souhaiteraient travailler plus longtemps aboutit à un chiffre près de deux fois plus élevé que le taux de chômage officiel», ajoute l'organisation.

«Le taux de chômage de la zone OCDE pourrait encore dépasser les 8% à la fin de 2011», selon son pronostic appuyé sur des prévisions inchangées depuis mai.

«Etant donné la gravité du ralentissement du marché du travail et les risques sociaux et économiques que cela implique, il est important de continuer d'allouer des fonds appropriés aux politiques du marché du travail», écrit l'OCDE.

«En ce qui concerne les allocations chômage (...) ces mesures doivent être maintenues dans les premières phases de la reprise, jusqu'à ce que la masse du chômage de longue durée commence à se réduire notablement», ajoute l'organisation.

L'OCDE insiste aussi sur «le rôle clé» à jouer par les services de retour à l'emploi et suggère «un effort accru d'investissement dans la formation».

Fin 2007, le taux de chômage moyen dans l'OCDE était tombé à 5,7%, niveau le plus bas depuis 1980. Même avec la reprise, «fragile», il manquera fin 2011 environ 15 millions d'emplois pour revenir au taux d'emploi d'avant la crise, notamment dans certains pays comme l'Espagne, l'Irlande ou les États-Unis.

Le rapport porte sur les 22 pays européens de la zone OCDE, ainsi que l'Australie, la Turquie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, le Mexique, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud.

Il inclut aussi dans ses annexes statistiques le Chili et quatre pays en voie d'accession (Israël, Estonie, Slovénie, Russie).

Selon l'OCDE, l'impact de la profonde récession de 2008-09 sur le chômage est comparable à celui du premier choc pétrolier de 1973, mais marqué par des disparités d'un pays à l'autre, et d'une catégorie de salariés à l'autre.

Fait plus inhabituel, l'emploi s'est nettement plus contracté pour les hommes que pour les femmes, probablement parce que les industries extractives, manufacturières et le bâtiment ont subi des pertes d'emploi importantes.

L'Espagne enregistre le record de progression du chômage qui atteignait 19,5% en moyenne en mars mais dépasse maintenant les 40% pour les 15-24 ans, voire 50% dans certaines régions.

Le chômage a également plus que doublé en Irlande (13,1% en mars) et aux États-Unis (9,7%), pays où la prolongation des allocations chômage est suspendu à un vote sur le fil du rasoir au Sénat mi-juillet.

L'Allemagne est le seul pays dont le taux de chômage (7,3% en mars) s'inscrit en recul grâce à un cocktail de mesures négociées, réduction des heures supplémentaires, annualisation des horaires, chômage partiel.