Selon le prévisionniste le plus précis en ce qui concerne l'évolution des changes, l'euro continuera à s'affaiblir et il est susceptible de s'approcher de la parité avec le dollar américain tandis que la Banque centrale européenne (BCE) achète davantage d'obligations gouvernementales pour soutenir l'économie de la région.

Shaun Osborne, stratège en chef de la division des devises de TD Securities, à Toronto, estime que l'euro se dépréciera à 1,13$ US au troisième trimestre, à 1,08$ US d'ici la fin de la présente et il pourrait s'approcher d'une valeur de 1$ US en 2011 avant de se redresser. M. Osborne, dont les prédictions sont précises à 4,1% en moyenne, selon des données compilées par Bloomberg, est du même avis que les neuf prévisionnistes les plus précis suivants, qui anticipent une dépréciation de l'euro au cours des deux prochains trimestres.

L'euro s'est affaibli de 15% par rapport au dollar américain au cours de la première partie de la présente année en raison de conjectures voulant que les budgets déficitaires records observés notamment en Irlande, au Portugal et en Grèce vont forcer les gouvernements à réduire leurs dépenses, ce qui affectera la croissance économique. Les taux de rendement des obligations au sein de ce qu'on appelle les nations périphériques de la zone euro ont bondi par rapport aux obligations allemandes bien que les dirigeants de l'Union européenne eussent mis sur pied un programme d'aide de près de 1000 milliards US pour éviter des défaillances sur les dettes souveraines.

«Ces économies feront face à des circonstances immensément difficiles pour tenter de regagner de la compétitivité au sein de la zone euro», soutient M. Osborne, 47 ans, chef de la division de stratégie en matière de changes chez TD Securities, où il travaille depuis 2006.

L'euro, qui est partagé par 16 nations européennes, a grimpé de 0,8% à 1,2644$ US hier à New York. La devise s'est appréciée de 6,5% depuis qu'il atteint un prix plancher de quatre ans de 1,1877$ US le 7 juin dernier. Le 25 novembre 2009, l'euro avait atteint un sommet, soit l'équivalent de 1,5144$ US.

La BCE a commencé à acheter des obligations gouvernementales de certaines nations membres le 10 mai, une mesure qui s'inscrit dans le programme d'aide de l'Union européenne et qui était destinée à freiner les taux de rendement et à soutenir l'euro. Le déclin de la devise menace de faire éclater l'Union européenne, soutenait en mai dernier Paul Volcker, ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), tandis que les banques centrales mettent davantage dans leurs réserves des devises autres que l'euro, selon ce que démontrent des données du Fonds monétaire international (FMI).

«Il est peu probable que la diversification des réserves, l'un des éléments derrière la vigueur de l'euro depuis le lancement de la devise unique, soit susceptible de servir de soutien à l'euro par rapport au dollar au cours des prochaines années», avance Henri Gullberg, un stratège de Deutsche Bank, à Londres, plus important cambiste du monde.