La Commission européenne prône un recul général de l'âge du départ en retraite dans l'UE afin d'éviter l'explosion du système, au moment où plusieurs pays comme la France et l'Espagne ont entamé des réformes en ce sens, qui suscitent la grogne sociale.

«Au rythme actuel, la situation est intenable», estime la Commission, dans un document qui sera publié mercredi, destiné à ouvrir un vaste débat sur l'avenir des retraites en Europe.«Si les gens, alors qu'ils vivent plus vieux, ne travaillent pas plus longtemps», le risque est d'avoir «une hausse insoutenable du coût des retraites», qui «pèsera sur les finances publiques» des États, ajoute-t-elle dans ce document dont l'AFP a obtenu copie.

Alors qu'aujourd'hui on compte quatre actifs pour une personne de plus de 65 ans en Europe, d'ici à 2060 il n'y aura plus que deux actifs pour une personne de plus de 65 ans.

Une évolution qui s'explique par des taux de fécondité faibles et par les progrès de l'espérance de vie, qui pourrait encore augmenter de sept ans dans l'UE d'ici 2060.

D'autre part, «le défi du vieillissement a été sérieusement aggravé la crise économique et financière», qui a plombé les finances publiques des États, souligne Bruxelles.

Il faut donc soulager les finances publiques et éviter l'asphyxie du système de retraites en Europe, fondé sur une répartition où les retraités voient leurs allocations payées par les cotisations des actifs.

Pour cela, «faire en sorte que le temps passé à la retraite ne continue pas à augmenter par rapport au temps passé à travailler aiderait à la viabilité» des caisses de retraites des pays européens, estime l'exécutif européen.

«Cela signifie augmenter l'âge auquel on cesse de travailler et l'on commence à bénéficier de sa retraite», ajoute-t-il.

L'âge moyen de départ à la retraite au sein de l'UE se situait en 2008 à 61,4 ans, d'après les calculs de la Commission (61,7 ans pour les hommes selon l'OCDE sur la période 2002-2007).

Or, ce niveau est inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE, qui était de 63,5 ans pour les hommes pour 2002-2007. Il est même nettement moins élevé qu'au Japon (près de 70 ans pour les hommes) et aux États-Unis (près de 65 ans), selon l'OCDE.

La Commission presse donc les Européens à agir, même si elle rappelle qu'il est du ressort des États eux-mêmes de prendre des décisions.

Le mouvement est déjà engagé dans de nombreux pays. Face à l'augmentation de leurs déficits publics et de leur dette, plusieurs d'entre eux ont déjà entrepris de reculer l'âge de la retraite chez eux.

C'est le cas de la France, qui veut repousser l'âge minimal de départ de 60 à 62 ans d'ici à 2018.

L'Espagne, elle, veut le faire passer de 65 ans à 67 ans. Quant à la Grèce, passée à deux doigts de la faillite, elle a présenté une vaste réforme des retraites dans le cadre de son plan d'austérité, qui prévoit notamment des coupes dans les pensions et la généralisation à 65 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

Ces pays se sont heurtés néanmoins ces derniers mois à des mouvements de protestation sociale, entraînant des milliers de personnes dans les rues pour protester contre la remise en cause de ces acquis sociaux.

L'Allemagne est elle aussi particulièrement sous pression en raison d'un contexte démographique très défavorable pour son système de retraites, avec une baisse attendue de la population dans les décennies à venir du fait d'un trop faible taux de natalité.

Elle veut porter l'âge légal de départ à la retraite de 65 ans à 67 ans d'ici à 2029 pour une pension complète.