Le tourisme grec victime de la crise. Les grèves à répétition provoquées par le plan d'austérité, décidé par le gouvernement pour tenter d'éponger les dettes publiques colossales du pays, ont d'ores et déjà provoqué une désaffection des touristes: près de 20 000 nuitées annulées dans les hôtels d'Athènes et des sites touristiques alentour.

Alors que la saison débute, les spécialistes de l'industrie du tourisme ont constaté une baisse des réservations comprise entre 10 et 12% par rapport à 2009, qui était déjà une mauvaise année. Or, le tourisme représente environ 15,5% du PIB grec, avec un emploi sur cinq lié à ce secteur.

Les touristes ont sans doute été préoccupés par les images des violences pendant les manifestations de Grecs hostiles à la cure d'austérité décidée par le gouvernement. Les grèves ponctuelles se poursuivent, à l'image de ces dizaines de personnes bloquant la rue du Parlement, obligeant un bus panoramique transportant des touristes à manoeuvrer délicatement. Un des touristes à bord, chapeau sur la tête et appareil-photo au cou, pointe les pouces en bas pour manifester son mécontentement.

Et ce type de scènes - barrages routiers, fermeture de sites archéologiques, blocage du port du Pirée - ont provoqué la colère de certains Grecs, alors que le pays tente désespérément de redresser la barre. «Cela revient à nous crever nous-mêmes les yeux. Ces choses se répandent et donnent une mauvaise image», a déploré Anna Anifanti, directrice de l'Association hellénique des agences de voyage et de tourisme (HATTA).

Avec ses plages, sa météo clémente et son patrimoine antique, la Grèce appartient aux cinq grandes destinations estivales d'Europe, avec l'Espagne, l'Italie, la France et la Turquie.

La Grèce accueille principalement des touristes allemands (2,3 millions) et britanniques (2,1 millions en 2009), qui pourraient ne plus avoir les moyens de s'offrir des vacances à l'étranger, ces pays ayant été durement touchés par la crise.

De plus, la Grèce subit une forte concurrence de destinations ensoleillées et moins chères, telle que la Turquie voisine.

Face à cette chute de fréquentation annoncée, certains hôteliers et tours-opérateurs ont baissé sensiblement leur prix pour attirer les clients. «Ces projections peu favorables ont poussé certains à réduire de 30% leurs tarifs afin de rester compétitifs», a souligné Konstantinos Brentanos, chef de la fédération grecque de location de chambre et d'appartements pour hommes d'affaires.

Si cette chute des prix peut éventuellement attirer les visiteurs, Brentanos craint que le gouvernement n'augmente les taxes.

Mais tout espoir n'est pas perdu: les annulations ont cessé et de nombreux vacanciers potentiels attendent désormais le dernier moment pour organiser leur séjour, selon les revenus disponibles.