Trois votes. Trois petits votes de plus et le Maroc aurait accueilli la Coupe du monde de soccer à partir de demain.

Au scrutin décisif de la FIFA en 2004, le Maroc s'est incliné par un vote de 14-10 devant l'Afrique du Sud. Une défaite difficile à accepter au départ, tant sur le plan sportif qu'économique.

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En plus d'une qualification automatique, le Maroc disait adieu à la manne économique de la Coupe du monde. «Comme tous les pays candidats, on voulait accueillir la Coupe du monde pour construire des infrastructures, moderniser nos réseaux de télécoms, améliorer notre capacité d'accueil touristique et favoriser notre réseau de transport aérien», dit Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies du Maroc, en entrevue à La Presse Affaires.

Six ans plus tard, le gouvernement marocain est beau joueur et souhaite bonne chance à l'Afrique du Sud. Mais il n'attend pas pour autant de retombées économiques du plus grand événement sportif jamais disputé sur le continent africain.

«Nous sommes contents que la Coupe du monde ait lieu en Afrique, mais davantage du point de vue africain et sportif que du point de vue économique, dit le ministre Chami. La Coupe du monde aura des retombées économiques importantes, mais elles seront locales. Ceux qui vont profiter du nombre impressionnant de visiteurs, et tant mieux pour eux, ce sont les Africains du Sud. Pour nous, il y a seulement la clientèle à l'aéroport de Casablanca qui pourrait augmenter en raison des voyageurs européens qui y feront escale avant d'aller en Afrique du Sud. Ces escales représentent habituellement 40% du trafic de l'aéroport.»

Entré au gouvernement en 2007, le ministre Chami a vite fait son deuil des stades neufs et des infrastructures de transport nickel qui auraient été construits en prévision de la Coupe du monde. «L'économie marocaine se porte bien, dit le ministre Chami, ancien haut dirigeant chez Microsoft. Entre 2002 et 2008, la croissance a été de 5,2% par année. Malgré la crise économique, elle a été de 5,6% en 2009. C'est pas mal. Bien sûr, on peut faire de la croissance en faisant des déficits publics abyssaux, mais ce n'est pas notre cas. Notre dette publique ne représente que 47% de notre PIB (produit intérieur brut). L'agence de cotation Standard&Poor's vient d'améliorer notre cote de crédit, ce qui va nous permettre de lancer nos premières obligations sur le marché international depuis six ans.»

Autre source de consolation pour le Maroc: Coupe du monde ou pas, son économie tourne plus vite que celle de l'Afrique du Sud. Selon les dernières données de la Banque mondiale, le Maroc a connu une croissance économique de 5,6% en 2008, comparativement à 3,1% pour l'Afrique du Sud.

Les projets d'infrastructures ne manquent pas au pays du roi Mohammed VI. Cette année, la capitale Rabat se dotera d'un nouveau tramway construit par la société française Alstom. Casablanca aura son tramway en 2013. Le TGV Tanger-Rabat, aussi construit par Alstom, devrait voir le jour deux ans plus tard.

Le ministre Chami, qui veut augmenter les échanges commerciaux entre le Maroc et le Québec, lance une invitation aux entreprises québécoises. «Venez réaliser une partie de nos projets d'infrastructures, dit le ministre Chami, qui participait à une mission commerciale au Canada le mois dernier. Le Québec et le Maroc doivent hisser leurs relations, qui sont déjà bonnes, à un autre niveau. Les entreprises québécoises sont les bienvenues pour utiliser le Maroc comme plateforme d'exportations, car nous sommes aux portes de l'Europe et des pays arabes.»

«On veut continuer d'exporter des oranges, mais ce n'est pas le type d'échange que nous recherchons pour l'avenir, dit le ministre Chami. Venez plutôt faire de l'aéronautique au Maroc.»