Le taux de chômage dans la zone euro a légèrement augmenté en avril pour toucher un nouveau record historique à 10,1%, selon des données publiées mardi par l'office européen des statistiques Eurostat qui alimentent les inquiétudes pour la consommation et la croissance.

Ces craintes sur la reprise, ainsi que sur la solidité des banques, ont encore fait reculer mardi les Bourses européennes et l'euro, qui a touché un nouveau plus bas depuis quatre ans en dessous de 1,22$, avant de remonter en fin de journée.

Le taux de chômage était resté auparavant pendant deux mois à 10%, un niveau déjà jamais atteint depuis la création de la zone euro en 1999.

Au total 15,86 millions de personnes étaient sans emploi en avril dans la zone euro. Pour l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne, leur nombre atteignait 23,311 millions, avec un taux de chômage inchangé comparé à mars, à 9,7%.

James Ashley, économiste chez Barclays Capital Research, estime toutefois qu'un recul du nombre de sans-emploi en mai en Allemagne, également annoncé mardi, préfigure une «stabilisation» dans la zone euro et que «le pic sera probablement atteint d'ici la moitié de l'année et inférieur à 10,5%».

Mais la plupart des économistes reconnaissent que le niveau élevé du chômage, ajouté aux mesures d'austérité par lesquelles un certain nombre de pays tentent de réduire leurs dettes, va peser sur la consommation des ménages dans les prochains mois, et partant sur la croissance.

Ben May, économiste chez Capital Economics, prévient même que «les mesures d'autérité semblent faire déjà flotter un nuage sombre au dessus de la région, qui fait plus qu'annuler les éventuels effets positifs de l'euro faible sur les exportations».

Pour lui, «la croissance économique dans la région va ralentir et atteindre un rythme d'escargot cette année» et certains pays risquent même de retomber en récession.

Le ralentissement de la croissance dans le secteur manufacturier de la zone euro s'est en tout cas confirmé en mai et a même été un peu plus fort que prévu, selon une nouvelle estimation de l'indice des directeurs d'achats (PMI) pour ce secteur publiée mardi.

Il a baissé à 55,8 points, après 57,6 points en avril, soit un plus bas depuis trois mois. C'est aussi un peu inférieur à la première estimation de 55,9 points donnée le 21 mai par la société Markit, qui réalise l'indice.

L'indice reste, pour le huitième mois consécutif, au-dessus de la barre des 50 points qui signale une progression de l'activité. Mais sa baisse traduit un fléchissement du taux de croissance.

«La reprise du secteur manufacturier ralentit fortement», a commenté Markit dans son communiqué, précisant que cela concernait la production et les nouvelles commandes dans tous les pays, mais tout particulièrement l'Allemagne.

Pour le chef économiste de Markit, Chris Williamson, l'indice «met en évidence la vitesse à laquelle l'incertitude entourant la crise de la dette souveraine semble avoir atteint l'activité économique».

«Le taux de contraction de la croissance observé en mai dans le secteur manufacturier n'a été dépassé qu'une seule fois au cours des 13 années d'existence de l'enquête, au lendemain de la faillite de (la banque américaine) Lehman Brothers, qui avait donné le coup d'envoi de la crise bancaire en 2008, note-t-il.