La Grande-Bretagne et l'Italie sabrent leurs dépenses.

Le nouveau gouvernement de coalition britannique a présenté hier un premier programme de 6,2 milliards de livres (9,5 milliards CAN) de coupes immédiates dans les dépenses publiques du pays, suscitant l'approbation du patronat et des économistes, mais l'épouvante de syndicats criant au thatchérisme.De son côté, le gouvernement italien devrait adopter aujourd'hui un train de compressions budgétaires pouvant atteindre 24 milliards d'euros, a appris l'AFP de sources officielles.

En Grande-Bretagne, seules santé, défense et aide au développement sont épargnées. Les «quangos» (quasi organisations non gouvernementales), des organismes parapublics qui s'étaient multipliés sous les travaillistes, seront fortement réduits. Les dépenses en informatique, et les approvisionnements en général, vont souffrir. La seconde classe prendra le pas sur la première classe dans les déplacements des officiels, et la marche à pied sera conseillée si possible.

Les recrutements sont gelés.

En un mot, il s'agit d'«envoyer une onde de choc» dans les ministères, et d'instaurer «des contrôles draconiens» sur les dépenses, a résumé lors d'une conférence de presse commune avec le chancelier George Osborne, le secrétaire d'État au Trésor David Laws, rallié comme le reste des libéraux-démocrates à ces mesures de rigueur.

Ce premier train de mesures sera suivi de l'annonce le 22 juin d'un nouveau budget pour l'année financière qui s'achève fin mars 2011, puis à l'automne par une revue complète des dépenses publiques.

M. Osborne a remarqué que le Royaume-Uni était, parmi les 27 pays de l'UE, «celui qui a le plus gros déficit», avec 156,1 milliards de livres sur l'année budgétaire achevée fin mars, soit 11,1% de son PIB.

Michael Saunders, économiste de Citigroup a remarqué que 6,2 milliards de livres d'économies «ne devraient pas faire dérailler l'économie»: ce n'est que 1% des dépenses publiques et 0,4% du PIB.

Bob Crow, du syndicat RMT, a vu dans ces projets «le coup d'envoi d'une guerre de l'austérité qui pourrait creuser un trou béant dans les services publics du pays et faire bondir le chômage à des niveaux thatchériens».

Italie

Une réunion du Conseil des ministres est convoquée à Rome aujourd'hui afin d'«examiner un décret-loi sur des mesures urgentes de stabilisation financière et de compétitivité économique», selon un communiqué officiel.

Le collectif contiendra des «sacrifices très lourds, très durs» pour éviter au pays de se retrouver un jour dans la même situation que la Grèce, a indiqué le sous-secrétaire à la présidence, Gianni Letta, bras droit de Silvio Berlusconi.

Paolo Bonaiuti, porte-parole du gouvernement, a précisé que le collectif (comprenant à la fois des mesures d'économies et des recettes supplémentaires) porterait sur 24 milliards d'euros.

Comme les recettes supplémentaires sont incertaines et difficiles à chiffrer, notamment celles provenant de la lutte contre l'évasion fiscale, l'essentiel du collectif proviendra d'économies sur les dépenses, selon les médias.

L'idée est de limiter le poids de l'État et de mieux dépenser l'argent public, a expliqué M. Bonaiuti, en confirmant un possible gel des salaires des hauts fonctionnaires publics. «Dans une période de réduction générale des dépenses, il est juste que ceux qui gagnent plus apportent leur contribution», a souligné M. Bonaiuti.

Les augmentations contractuelles des salaires des policiers et des militaires devraient être gelées, tandis que des organismes publics devraient être fermés, selon les médias.

De nouveaux péages sont envisagés, en particulier sur les périphériques de grandes villes, ainsi que de nouveaux tickets modérateurs sur les visites médicales, selon la même source.

La tension sur les marchés, une certaine difficulté à placer les obligations d'État et la faiblesse de l'euro, ont poussé l'exécutif italien à anticiper l'adoption d'une correction budgétaire qui était prévue en juin.

L'Italie a récemment confirmé son engagement à ramener son déficit public à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2012 contre 5,3% en 2009 et devra se serrer la ceinture pour atteindre cet objectif compte tenu de prévisions de croissance moins optimistes et des intérêts de son énorme dette (115,8% du PIB en 2009).