Le «Dialogue stratégique et économique» sino-américain, un tour d'horizon politique et économique entre les deux pays, a débuté lundi sur fond de crise dans la péninsule coréenne dans laquelle les Etats-Unis recherchent le soutien de Pékin.

Cette rencontre annuelle n'est que la deuxième dans cette configuration et doit permettre avant tout aux délégués d'aborder la relation économique entre la 1ère et la 3e économie mondiale, et d'aplanir de nombreux différends.

«Nos économies sont devenues inséparables», a déclaré dans un discours d'ouverture le vice-Premier ministre chinois Wang Qishan, qui dirige les discussions côté chinois avec le Conseiller d'Etat Dai Bingguo.

«Nos deux pays ont largement bénéficié de l'ouverture du commerce et des investissements», a déclaré de son côté le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner, appelant toutefois à «un système de commerce mondial plus ouvert (...) dans lequel les pays peuvent se livrer une concurrence à armes égales».

Pour le seul côté américain, 200 délégués sont présents, «le plus grand nombre de responsables gouvernementaux à se rendre à une rencontre où que ce soit dans le monde», a souligné la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

«Nous ne serons pas d'accord sur toutes les questions, mais nous en parlerons ouvertement», a-t-elle promis à l'ouverture des discussions, évoquant notamment les droits de l'Homme.

Dimanche à Shanghai, elle avait plaidé la nécessité d'un accès équitable des entreprises aux marchés, l'une des pommes de discorde entre Washington et Pékin.

Washington critique aussi le maintien d'un taux de change rigide entre le yuan et le dollar depuis l'été 2008.

L'énergie et le climat devraient aussi être âprement débattus, à mi-chemin du fiasco de la conférence climat de Copenhague et de celle attendue à Mexico.

Côté stratégique, la crise coréenne, provoquée par le naufrage d'une corvette sud-coréenne en mars, s'est invitée aux entretiens.

«Nous devons travailler ensemble pour répondre à ce défi», a dit Mme Clinton, alors que la Corée du Sud venait d'annoncer qu'elle allait demander des sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU.

Les Etats-Unis, de leur côté, ont prévenu qu'ils soutiendraient toutes les mesures que le président sud-coréen Lee Myung-Bak devait annoncer.

Ils ont condamné très vivement la Corée du Nord, après les conclusions de l'enquête internationale accusant Pyongyang d'avoir coulé le Cheonan le 26 mars, provoquant la mort de 46 marins sud-coréens.

Pékin, en revanche, réclame davantage de preuves avant de condamner son voisin et allié et les Etats-Unis ne paraissent pas s'attendre à ce que la Chine condamne la Corée du Nord dans l'immédiat.

«Les Chinois sont toujours en train d'assimiler les implications» de l'enquête, a estimé un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat, expliquant que Washington attendait de Pékin «certaines mesures dans l'arène internationale pour souligner la gravité de l'affaire».

«Dans des situations comme celle-là», a expliqué le diplomate, «il n'est pas inhabituel que la Chine se montre extraordinairement prudente. C'est à nous d'essayer de travailler avec eux».

D'autant, a-t-il avancé, que Pékin semble «prêt à examiner sérieusement les élements de preuve».

La Chine et les Etats-Unis doivent aussi discuter en profondeur du projet de sanctionner l'Iran à l'ONU en raison de son programme nucléaire.

Après le consensus entre les grandes puissances sur une résolution d'inspiration américaine, Mme Clinton veut «s'assurer que l'on va franchir la ligne d'arrivée», a-t-on résumé côté américain. Elle abordera notamment le contenu des annexes de la résolution et des investissements étrangers en Iran. Les principaux dirigeants chinois et américains ont déjà prévu de quitter régulièrement la séance plénière du «Dialogue économique et stratégique» pour des négociations sur ces sujets delicats.