L'euro était en chute libre vendredi, évoluant à des niveaux plus vus depuis 18 mois, pénalisé par un regain d'inquiétudes sur la santé économique et budgétaire de la zone euro, et sur sa viabilité à long terme.

Vers 8h20 (heure de Montréal), l'euro valait 1,2494 dollar contre 1,2533 dollar US jeudi soir.

La monnaie unique européenne baissait aussi face au yen à 115,62 yens contre 116,20 yens la veille.

> L'euro risque de baisser encore

Le dollar US perdait aussi du terrain face à la devise japonaise à 92,53 yens contre 92,69 yens jeudi soir.

Vers 4h55, l'euro a chuté jusqu'à 1,2433 dollar, son plus bas niveau depuis le 21 novembre 2008, les cambistes craignant que les problèmes de dette en zone euro ne pèsent à long terme sur la reprise économique en Europe, notaient des courtiers.

«L'euro reste faible et plus de faiblesse est à prévoir», prévenait Neil McKinnon, économiste chez VTB.

En effet, «cela reflète le malaise persistant des investisseurs vis-à-vis des problèmes d'endettement en zone euro --malgré le plan de sauvetage décidé par l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI)», expliquait l'économiste.

Sans oublier «l'expansion des comptes de la Banque centrale européenne (BCE), en particulier après la volte-face de l'institution sur les rachats d'obligations d'Etat de la zone euro», poursuivait M. McKinnon.

Ainsi, pour de nombreux analystes, le plan d'aide de l'UE risque de peser fortement sur la reprise, repoussant à une date lointaine la perspective d'un relèvement des taux européens, alors que la Fed pourrait prochainement entamer un processus de resserrement de sa politique monétaire.

Renforçant les inquiétudes des cambistes, Paul Volcker, conseiller économique du président américain Barack Obama, a jugé jeudi lors d'une conférence à Londres que la crise grecque pourrait entraîner une «désintégration de la zone euro» si sa gouvernance économique n'était pas réformée, des commentaires qui renforcent le sentiment très négatif du marché vis-à-vis de l'euro, notait Derek Halpenny, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi.

«De toute évidence, je pense que l'on peut dire que l'euro a échoué et est tombé dans un piège qui était manifeste depuis le début», du fait de l'absence de politique budgétaire commune, a expliqué M. Volcker jeudi.

«L'Europe va au final devoir décider si elle veut être plus ou moins intégrée, et cela remet l'euro en question», a-t-il prévenu.

En même si «l'UE prépare désormais des travaux de réparation sur la structure de l'euro, notamment des règles budgétaires plus fermes, la vraie question demeure de savoir si les marchés seront prêts à placer plus de confiance dans une nouvelle mouture après l'échec si lamentable de la structure précédente», ajoute Neil Mellor, analyste de BNY Mellon.

Autres principaux bénéficiaires de la quête de sécurité des investisseurs, l'or et le franc suisse jouaient comme le billet vert leur rôle de valeurs refuge.

En effet, l'once d'or est montée vendredi jusqu'à 1249,40$ US, un nouveau record historique, dépassant ainsi 1000 euros et 857 livres sterling.

«L'attrait de l'or en tant que valeur refuge est redevenu évident, alors que les perspectives d'un nouvel accroissement de la masse monétaire en Europe et les inquiétudes sur l'inflation refont surface», commentait Andrey Kryuchenkov, analyste chez VTB Capital.

Le métal jaune ne présente aucun risque de défaut, ce qui en fait la valeur refuge idéale, et un bouclier contre l'inflation prisé par les investisseurs.

De son côté, la monnaie helvétique côtoyait son plus haut historique de 1,4005 franc suisse pour un euro atteint la veille.