Les taux des obligations d'État grecques enregistraient lundi matin une détente spectaculaire après l'annonce d'un vaste mécanisme de secours de l'Union européenne et la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de racheter des obligations des États en difficulté.

À midi, le taux de l'obligation grecque à 10 ans chutait à 6,717%, soit un plongeon de 540 points de base par rapport aux 12,171% atteints vendredi soir.

Il avait atteint vendredi en séance son plus haut niveau depuis l'entrée de la Grèce dans la zone euro en 2001, à 12,65% en séance.

Le différentiel («spread») avec le Bund allemand à 10 ans (référence sur le marché obligataire européen) s'est réduit à 377 points de base, contre 930 points de base vendredi.

La détente était encore plus impressionnante pour les taux grecs à échéance deux ans, passé de 18,405% vendredi à 5,480%.

Le niveau des taux courts est ainsi repassé en-dessous de celui des taux longs, inversant la tendance de ces dernières semaines. Cette inversion de la courbe des taux était une situation rare qui témoignait de la défiance extrême des marchés vis-à-vis de la situation de la Grèce à court terme.

Dans la foulée des taux grecs, le rendement des obligations d'État espagnoles à 10 ans baissait à 3,915%, contre 4,439% vendredi soir, et le taux portugais de même échéance à 4,697%, contre 6,283% vendredi.

Les investisseurs applaudissaient l'annonce d'un gigantesque plan de secours de l'Union européenne, pouvant aller jusqu'à 750 milliards d'euros pour aider les pays de la zone euro en difficulté.

«En créant ce fonds de soutien, les dirigeants ont coupé l'herbe sous le pied aux risques d'explosion de la zone euro, et ont confirmé qu'il ne servait plus à rien de spéculer sur un éventuel défaut d'un pays de la zone», commente Marc Touati, directeur des études économiques chez Global Equities.

La BCE a de son côté annoncé des «interventions» sur le marché obligataire de la zone euro ; dès lundi matin, les banques centrales européennes ont commencé les rachats de titres de dette souveraine.

Cette annonce, destinée à soutenir les obligations des Etat les plus endettés et les plus attaqués par les marchés, avait été espérée - en vain - par nombre d'analystes lors de la conférence de presse de la BCE jeudi dernier.

«La forte détente sur les taux (des pays) périphériques (c'est-à-dire jugés les moins solvables de la zone euro, ndlr) a été nettement stimulée par cette dynamique de rachats d'obligations par les banques centrales», observe Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.

«Les investisseurs attendaient des mesures ce week-end, mais pas nécessairement aussi fortes, aussi concrètes et aussi immédiates. D'où ce retournement brutal des mouvements observés ces dernières semaines», poursuit-il.

Les dirigeants européens «ont surpris jusqu'aux observateurs les plus optimistes. Cela ne résoud pas les problèmes budgétaires de fond mais cela donne aux Etats quelques années de répit pour mettre en oeuvre leurs mesures», d'assainissement des finances, confirme Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Les taux des pays considérés comme les plus sûrs (France et surtout Allemagne) se sont à nouveau tendus, souffrant de l'appétit retrouvé des investisseurs pour les marchés actions (les Bourses européennes se sont envolées lundi) et pour les dettes souveraines des États méditerranéens.

Le rendement du Bund allemand à 10 ans est monté à 2,943% contre 2,796% vendredi et l'OAT française ressortait à 3,220%, contre 3,148%.

Le Gilt britannique a progressé à 3,917% contre 3,830%, alors que la Banque d'Angleterre a laissé sa politique monétaire inchangée et que l'incertitude subsiste sur le dénouement des élections britanniques.

Aux États-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans se tendait quelque peu à 3,556% contre 3,420% vendredi et celui du bon à 30 ans à 4,417% contre 4,235%. Les taux américains à échéance courte grimpaient à 0,15%, contre 0,12% vendredi.

Le marché interbancaire s'est stabilisé après plus de six semaines de tensions continues. L'Euribor à trois mois est resté stable, à 0,682%, tandis que le taux interbancaire à trois mois offert à Londres, le Libor exprimé en dollars, a baissé à 0,4212%, contre 0,4281% vendredi.