Le gouvernement grec devait détailler lundi sa réforme des retraites, volet sensible de la cure d'austérité imposée en contrepartie du sauvetage financier du pays, prévoyant des coupes claires dans les pensions et le recul de l'âge de départ effectif à 65 ans.

Le plan devait être présenté en Conseil des ministres en fin d'après-midi.

En attendant, le premier ministre Georges Papandréou a appelé tous les Grecs à s'unir pour faire de «grands changements» et «laisser la Grèce d'hier», à l'issue d'une réunion exceptionnelle des chefs de partis sous la présidence du chef de l'État, Carolos Papoulias.

Signe que le pari est encore loin d'être gagné, le parti communiste et le Syriza (Coalition de gauche), qui représente 10% des députés au parlement, ont boycotté la réunion.

Le gouvernement socialiste, revenu au pouvoir en octobre, tente d'obtenir un consensus politique sur un plan d'austérité, le plus drastique qu'ait connu la Grèce, promis à l'Union européenne et au Fonds monétaire international en échange d'une aide de 110 milliards d'euros pour lui éviter la banqueroute.

Mais les retraites illustrent la difficulté de mettre en place des réformes. «Le système des retraites grec est très fragmenté. C'est l'un des seuls systèmes européens qui n'a pas été réformé et il a besoin d'être adapté aux réalités de ce siècle», explique Platon Tinios, expert à l'Université du Pirée près d'Athènes.

Pour l'heure une majorité de Grecs dit préférer des mesures d'austérité afin d'éviter la banqueroute du pays, 55,2% selon un sondage publié dimanche.

Le gouvernement craint toutefois une explosion sociale après les débordements qui ont provoqué la mort de trois personnes dans une banque incendiée pendant des manifestations mercredi. Le pays avait alors été quasi-paralysé par une grève générale, la troisième depuis février.

Les syndicats ont déjà promis de nouvelles manifestations monstres dans les prochains jours, sans toutefois fixer de date.

«Les mesures d'austérité vont réduire ma retraite de 2600 euros par an», se lamente Stavroula Zerdeva, une retraitée de soixante ans de la Banque de Grèce qui perçoit 1400 euros par mois, après 23 ans d'activité.

«Je peux oublier les vacances et je vais devoir couper dans mes dépenses pour les vêtements et les sorties», prévoit-elle.

Comme de nombreux autres, elle se dit «choquée que ceux qui ont toujours honoré leurs impôts payent la facture pour les erreurs des politiciens pendant 30 ans».

Les coupes prévues par la réforme «pourrait aller jusqu'à 20% des retraites» des anciennes grandes entreprises publiques, bénéficiaires pendant des années du système clientéliste grec, a affirmé à l'AFP un responsable du ministère de l'Emploi et de la Protection sociale, sous couvert d'anonymat.

Selon lui, l'objectif est de reculer l'âge effectif du départ en retraite à 65 ans, contre 61,5 ans en moyenne actuellement, via l'allongement de la durée des cotisations et la fin des plans de départs volontaires.

Les femmes sont également particulièrement touchées et vont devoir travailler autant que les hommes, alors qu'elles pouvaient jusqu'ici partir en moyenne cinq ans avant.

Une particularité grecque, la pension versée à vie aux jeunes filles célibataires dont l'un des parents est décédé avant leurs 26 ans, sera supprimée.

La Grèce est scrutée par le reste des pays de l'UE qui ont trouvé un accord à l'arraché lundi sur un plan de secours historique de plusieurs centaines de milliards visant à endiguer une crise financière menaçant de gagner toute la planète.

La bourse d'Athènes a elle salué le plan historique européen et a atteint 10% lundi, dans le sillage des autres bourses mondiales.