Le feu vert définitif de la zone euro au plan de sauvetage de la Grèce n'a apporté qu'un soulagement relatif aux Grecs, qui vont devoir endurer une cure d'austérité sans précédent et dont les syndicats préparent déjà de nouvelles manifestations, notamment contre la réforme des retraites.

«Dans les prochains jours, la Grèce recevra la première tranche des 110 milliards d'euros de l'Europe et du FMI», s'est réjoui le Premier ministre Georges Papandréou à l'issue d'un sommet de crise de la zone euro, vendredi soir à Bruxelles.

Les chefs d'Etat et de gouvernement des 16 pays ayant adopté la monnaie unique ont définitivement validé le plan d'aide, mis au point avec le Fonds monétaire international en échange des mesures draconiennes prises par Athènes pour réduire son déficit public abyssal.

«Nous avons pris des décisions difficiles», a rappelé Georges Papandréou au sujet de ce programme de rigueur adopté jeudi par le Parlement grec. «Nous avons pris ces décisions pour la Grèce, nous avons pris ces décisions pour l'Europe», a-t-il insisté.

Le plan de sauvetage, sans précédent, n'a pas réussi à endiguer les risques de contagion qui menacent désormais la stabilité de toute la zone euro, et plusieurs dirigeants européens ont affirmé que la crise de la dette était devenue «systémique».

Mais en Grèce, où ce feu vert définitif ne faisait plus aucun doute, des débats passionnés continuent d'agiter la classe politique et les médias au sujet de la cure de rigueur imposée aux Grecs.

Cette crise «a de nombreuses facettes cachées que nous ignorons encore, mais qui nous mènent tout droit au désastre, à une récession défiant l'entendement, la plus grave jamais endurée par notre économie», écrivait samedi le quotidien conservateur Eleftheros Typos. «Un risque énorme pèse sur le pays et sur la cohésion de la nation», ajoutait-il.

En écho, le journal de gauche Eleftherotypia appelait à «des mesures immédiates en faveur du développement, pour soutenir l'appareil productif et réduire le chômage, qui frappe surtout les jeunes».

Alors que les Grecs sont encore sous le choc de la mort de trois employés de banque qui ont péri mercredi à Athènes lorsque leur agence a été incendiée par des manifestants en marge d'une grève générale, les syndicats assurent préparer de nouvelles actions contre la rigueur.

«Nous n'avons pas encore fixé de date, mais nous sommes prêts à de nouvelles grèves», a déclaré à l'AFP le secrétaire général adjoint de la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE), la plus grande du pays.

Dans le collimateur des syndicats se trouve désormais la réforme des retraites, un des engagements pris pas Athènes vis-à-vis des ses partenaires européens et du FMI. Un conseil des ministres doit se pencher lundi sur ce texte, qui prévoit notamment un allongement de la durée de cotisations à 40 annuités contre 37 d'ici 2015, l'instauration d'un âge minimum de départ à la retraite, à 60 ans, et le recul de cinq ans, à 65 ans, de l'âge légal de départ en retraite pour les femmes, d'ici 2013.

Les 13e et 14e mois de pension seront aussi supprimés pour tous les retraités, et compensés par des primes pour les plus bas revenus.

Le responsable syndical a expliqué qu'une nouvelle grève générale, qui serait la quatrième depuis février, était «à l'étude».