Alors que le gouvernement Berlusconi ne cesse de répéter que l'Italie est à l'abri d'une contagion de la crise grecque malgré son énorme dette, la Péninsule se retrouve à son tour dans la ligne de mire des marchés, notamment à cause de ses perspectives de croissance faible.

Cependant, sa situation apparaît plus solide que le Portugal ou l'Espagne grâce à un déficit public moins élevé, soulignent les économistes.

L'Italie était restée à l'abri jusqu'à présent mais la Bourse de Milan a été saisie de panique jeudi, cédant jusqu'à 6% avant de clôturer sur une chute de 4,26%, en réaction notamment à des rumeurs pourtant démenties de dégradation de la note du pays.

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Les investisseurs ont également vendu massivement des titres de banques italiennes par crainte d'une répercussion de la dégradation de la dette publique sur le système bancaire après une mise en garde de l'agence Moody's.

Très instable, la Bourse de Milan a clôturé vendredi sur une nouvelle chute de 3,27%.

Pris «d'affolement», «le marché ne fait pas de discrimination entre des pays comme l'Italie, la Grèce, l'Espagne ou le Portugal», observe René Defossez, stratégiste chez Natixis.

La Péninsule est «un des maillons faibles de la zone euro, car elle a une dette très élevée et une croissance structurellement très faible. Les gens se méfient donc un peu de la dette italienne, car ils se demandent comment on fait avec une telle situation pour assurer la solvabilité», analyse-t-il.

«Le problème de la croissance est le principal problème et il pèse», renchérit Gianluca Spina, directeur de l'école de commerce de l'université Politecnico de Milan.

Et le gouvernement n'a rien arrangé en annonçant jeudi que la croissance allait être plus faible que prévu en 2010 et en 2011. Il table désormais sur 1% cette année contre 1,1% auparavant et sur 1,5% l'année prochaine contre 2%.

La dette sera de son côté plus élevée que prévu à 118,4% du PIB cette année contre une précédente prévision de 116,9%.

Mais ferme sur la rigueur, ce qui lui a permis de limiter la progression du déficit public à 5,3% en 2009, le gouvernement a confirmé son engagement à revenir à un déficit de moins de 3% en 2012.

L'effort à fournir sera cependant plus important, car la correction budgétaire permettant de tenir cet objectif représentera 1,6% du PIB, soit environ 25 milliards d'euros, sur les années 2011-2012 contre une précédente prévision de 1,2%, soit environ 20 milliards.

Le gouvernement n'a pas précisé quelles mesures supplémentaires il comptait prendre.

Malgré l'inquiétude des marchés, la situation de l'Italie apparaît toutefois plus solide que celle de l'Espagne ou du Portugal.

«La situation de l'Italie est sous contrôle, il n'y a pas de raison de paniquer mais le marché est très tendu et donc les risques de nouveaux mouvements violents ne peuvent pas être exclus», souligne Marco Valli, chef économiste pour l'Italie de la banque UniCredit.

«Les attaques spéculatives étaient assez prévisibles mais je ne vois pas de situation inquiétante pour l'Italie, abonde Gianluca Spina. L'Espagne, le Portugal et même le Royaume-Uni sont dans des situations beaucoup plus problématiques», ajoute-t-il.

«L'effort demandé au pays pour tenir sa dette publique sous contrôle semble relativement modéré par rapport à d'autres pays où les corrections sont brutales», a estimé de son côté Moody's.

Le gouvernement reste de son côté toujours sur la même ligne: «l'Italie est absolument hors de tout danger de contagion», a réaffirmé vendredi le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini.