Dépenses publiques, notamment sociales, gelées pour les trois ans à venir, rabotage des niches fiscales, baisse du train de vie de l'État: le gouvernement serre la vis pour réduire le déficit et prévient que tous les Français devront consentir des efforts.

François Fillon l'a confirmé jeudi, après avoir convoqué en séminaire tous ses ministres pour préparer le budget triennal 2011-2013, en pleine tempête économico-financière qui frappe la Grèce et fait vaciller Portugal et Espagne.

Le PS a dénoncé un «plan de rigueur sans précédent qui va durer plusieurs années» et tombe comme «un coup de bambou sur les Français».

«Ce n'est pas un plan de rigueur», mais «une politique responsable dans une situation difficile», a rétorqué la ministre de l'Économie, Christine Lagarde sur Canal +.

Dès mercredi soir, le premier ministre avait prévenu qu'il serait amené à prendre des «décisions difficiles» pour ramener le déficit, qui a explosé sous l'effet de la crise économique, à 6% l'an prochain, 4,6% en 2012 et à 3% du PIB en 2013.

L'objectif est de se mettre en conformité avec les exigences européennes et garantir son crédit sur les marchés financiers et vis-à-vis des agences de notations tant redoutées. Les premières pistes vont dans le sens d'une réduction drastique des dépenses.

M. Fillon a ainsi affirmé que pour les trois ans à venir, celles de l'Etat seraient «gelées en valeur» alors qu'elles l'étaient jusqu'à présent en volume, même si dans ce cas, l'assiette de calcul était plus large avec la prise en compte des remboursements annuels des intérêts de la dette et des pensions.

Le gel strict signifie que désormais le «pouvoir d'achat» réel de l'État sera réduit en proportion de l'inflation chaque année. Selon le calcul de l'AFP, si l'inflation est en 2011 identique à 2010 - 1,2% en prévision - l'économie serait de 2,5 milliards d'euros.

Pour y parvenir, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite sera poursuivi et les dépenses de fonctionnement de l'État seront amputées de 10% en trois ans (moins 5% dès 2011).

Les opérateurs de l'État - comme Météo France - devront aussi respecter cet «effort de productivité».

Les dépenses d'intervention - qui désignent notamment aides à l'emploi (contrats aidés...) et aides sociales (aide au logement, allocation adulte handicapé...) - seront remises à plat.

Autre source d'économies: rogner les niches fiscales qui coûtent chaque année 70 milliards à l'État. M. Fillon a réaffirmé que cinq milliards devront être trouvés par ce biais dans les deux prochaines années.

Pour l'année en cours, le premier ministre a demandé de ne pas dépasser les dépenses prévues par la loi de finances.

Luc Chatel, tout comme le ministre du Budget, François Baroin, ont clamé haut et fort qu'il n'y aurait pas d'augmentation - «massive» a ajouté le porte-parole du gouvernement - des impôts, conformément à l'engagement de Nicolas Sarkozy.

Mais M. Chatel a averti qu'au nom de «l'exemplarité», tous les Français seront «touchés» par ce redressement des finances publiques.

«Il faudra faire des économies dans tous les secteurs», a prévenu Philippe Marini, rapporteur UMP de la commission des finances au Sénat. Reste que pour Jean Arthuis, président centriste de cette commission, l'équilibre des comptes publics «ne suffira pas» sans croissance économique. Avec une prévision de 1,4%, celle-ci s'annonce timide en 2010.