La Commission européenne n'hésitera pas à sévir contre les marchés financiers pour contenir la spéculation débridée, a mis en garde mercredi son président, Jose Manuel Barroso, alors que plusieurs pays de la zone euro sont sous pression depuis plusieurs jours.

«La Commission fera tout ce qui est nécessaire pour faire en sorte que les marchés financiers ne soient pas un terrain de jeu pour la spéculation», a-t-il déclaré devant le Parlement européen à Bruxelles.

Les marchés «ont besoin de règles et de contraintes et ces dernières doivent être renforcées si les comportements irresponsables font peser un risque sur des choses qui ne le méritent pas», a-t-il ajouté.

Il a notamment estimé que les investisseurs avaient «tort» d'avoir encore des doutes sur l'efficacité du plan d'aide à la Grèce de 110 milliards d'euros.

Après la Grèce, les investisseurs sur les marchés financiers ont pris l'Espagne et le Portugal dans leur collimateur. Ils s'inquiètent aussi de l'ampleur des déficits de ces pays et doutent de leur capacité à assainir leurs comptes publics.

Du coup, les places boursières européennes sont sous pression, le taux de change de l'euro chute, et la zone euro toute entière vacille. «Il ne s'agit plus seulement d'une attaque contre la Grèce, mais contre toute la zone euro», a ainsi déclaré mercredi le chef de file des Libéraux au Parlement européen, Guy Verhofstadt.

M. Barroso n'a pas dit précisément à quelles mesures il songeait pour les marchés, se bornant à rappeler des chantiers déjà ouverts par ses services, pour mieux réguler les agences de notation par exemple, ou les transactions sur les produits financiers dérivés.

Mais il s'est voulu solennel, estimant qu'il en allait aussi du bon fonctionnement des démocraties.

«En réalité, les acteurs des marchés financiers sont encore en mesure de fonctionner parce que les autorités de régulation et les institutions démocratiques ont stabilisé les marchés lors de la crise financière» en versant des dizaines de milliards d'euros aux banques, a estimé M. Barroso.

«Les services financiers doivent réaliser qu'ils ne sont que cela: un service, pas une fin en soi. Ils ne doivent pas oublier leur fonction économique et sociétale», a-t-il ajouté.