La crise grecque a semé la panique sur les marchés financiers et commencé de s'étendre au Portugal, accentuant la pression sur l'Union européenne pour qu'elle débloque au plus vite l'aide promise.

Nouveau coup dur pour la Grèce, l'agence de notation Standard and Poor's (S&P) a abaissé de trois crans la note du pays, de «BBB»» à «BB»», la reléguant dans la catégorie des investissements spéculatifs (junk bonds), qui présentent un risque de non-remboursement.

Ce faisant, l'agence rend encore plus difficile l'accès de la Grèce aux marchés, sa dette étant désormais considérée comme un investissement à haut risque.

La crise de défiance dont les finances grecques sont victimes a commencé à s'étendre au Portugal, qui a vu lui aussi sa note dégradée de deux crans par S&P.

Tentant d'éteindre l'incendie, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a déclaré qu'il était «hors de question» que la Grèce ou un autre pays de la zone euro fasse défaut sur ses obligations.

Mais sur le marché obligataire, où se négocie la dette des États, les taux grecs ont battu de nouveaux records hier, autour de 9,6%. Si on n'aide pas les Grecs, «ils vont être dans une situation insoutenable», a reconnu le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.

Au vu des conditions de marché «totalement prohibitives», la Grèce ne peut plus emprunter, s'est inquiété le ministre des Finances Georges Papaconstantinou, pressant l'UE et le FMI de débloquer l'argent d'ici le 19 mai, date à laquelle arrive à échéance une obligation d'État de 9 milliards d'euros (12 milliards CAN).

Son appel semble avoir été entendu. Les dirigeants des pays de la zone euro se préparent à tenir un sommet le 10 mai pour approuver le versement de l'aide, a indiqué à l'AFP une source proche de la présidence espagnole de l'UE.

Et la Commission européenne devrait rendre un avis sur le bien-fondé de la requête grecque au plus tard la semaine prochaine, la mission préparatoire qu'elle effectue avec la BCE et le FMI étant sur le point de se conclure.

Les marchés doutent cependant de l'efficacité de ce plan de 45 milliards d'euros - dont 15 milliards à la charge du FMI - pour résoudre les problèmes d'endettement du pays, d'autant que le recul du PIB grec, attendu à 2% en 2010, pourrait être supérieur, a prévenu la Banque de Grèce.

La hausse du coût de l'emprunt est également entretenue par les réticences de l'Allemagne à prêter 8,5 milliards d'euros à la Grèce, avant des élections régionales le 9 mai qui s'annoncent risquées pour la coalition au pouvoir.

Une majorité d'Allemands (57%) estime qu'une aide financière à la Grèce est une «mauvaise décision», selon un sondage publié hier.

Les deux chambres du Parlement allemand pourraient toutefois décider d'ici au 7 mai le déblocage de l'aide à la Grèce par Berlin, a estimé un responsable parlementaire allemand, Volker Kauder.

Le premier ministre Georges Papandréou n'a pas caché hier que les Grecs allaient connaître des temps difficiles. «L'heure de vérité est arrivée»: il faut «tout changer» en Grèce pour rendre l'économie viable, «État, habitudes, mentalités, comportements», a-t-il dit.

 

Les «PIGS» en chiffres

Portugal, Irlande, Grèce, Espagne: dettes et déficits

Outre la Grèce, qui a demandé vendredi l'activation du plan d'aide UE-FMI, plusieurs autres pays européens, au premier rang desquels le Portugal, sont à des degrés divers sous la pression des marchés en raison de leur endettement élevé. Les États les plus visés de la zone euro sont le Portugal, l'Irlande, la Grèce et l'Espagne, parfois désignés en anglais par l'acronyme peu flatteur de «PIGS» («cochons», le «s» représentant l'Espagne, «Spain» en anglais).

DETTE PUBLIQUE en 2009 (prévisions pour 2010) en% du PIB

Grèce - 115,1% (120,4%)

Italie - 115,8% (116,9%)

Portugal - 76,8% (85,9%)

Irlande - 64,0% (77,9%)

Espagne - 53,2% (65,9%)

DÉFICIT PUBLIC en 2009 (prévisions pour 2010) en% du PIB

Grèce - 13,6% (8,7%)

Irlande - 14,3% (11,6%)

Espagne - 11,2% (9,8%)

Portugal - 9,4% (8,3%)

Italie - 5,3% (5%)