La décote de la dette grecque a relancé la crainte d'une contagion aux autres mauvais élèves de la zone euro, dont l'Espagne, qui s'irrite des craintes entourant sa situation.

Plusieurs ténors du gouvernement du premier ministre Jose Luis Rodriguez Zapatero sont montés au front hier pour défendre le bilan du pays alors que la Bourse Ibex dévissait de plus de 4%. Il s'agissait du second plus important recul de l'année.

Le secrétaire d'État aux Finances et au Budget, Carlos Ocana, a souligné qu'il ne voyait pas la nécessité d'annoncer de nouvelles mesures d'austérité. «Il faut maintenir le cap que nous avons choisi», a-t-il souligné en relevant que l'Espagne suivait l'évolution de la crise avec une «énorme attention».

«La peur et l'inquiétude» entourant la Grèce affectent le pays mais il s'agit d'un phénomène conjoncturel, a-t-il assuré.

Bien que le taux d'emprunt sur 10 ans pour l'Espagne ait été supérieur par plus d'un point de pourcentage à celui de l'Allemagne hier, il demeurait sensiblement moindre que celui du Portugal, dans le collimateur des marchés.

La première vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, a fait valoir que la situation budgétaire de l'Espagne ne justifiait pas d'inquiétudes importantes.

La dette espagnole, à moins de 55% du PIB, est bien moindre que la moyenne des pays de la zone euro, et la récession a été inférieure en importance en 2009 que dans plusieurs pays importants de la zone, a-t-elle plaidé.

Le déficit, qui représentait 11% du PIB l'année dernière, constitue une préoccupation «mais c'est un problème que connaissent tous les pays européens», a-t-elle ajouté.

Le gouvernement espagnol a annoncé en janvier un plan d'austérité qui doit permettre de ramener le déficit sous le seuil de 3% d'ici 2013, sans réussir à convaincre.

«Nous allons le faire, indubitablement, à n'importe quel prix», déclarait il y a dix jours M. Zapatero, qui doit composer avec une forte montée du chômage, aujourd'hui de l'ordre de 20%.

Le quotidien El Mundo, proche de l'opposition, critiquait hier l'approche du gouvernement, relevant qu'il préfère s'occuper de «ses dogmes sociaux» plutôt que de procéder à une nouvelle série de coupes susceptibles de répondre aux demandes des marchés.

Le journal El Pais s'en prenait plutôt au cafouillage des grands pays européens dans un éditorial intitulé «Le coût de l'inaction».

Les hésitations de la zone euro, Allemagne en tête, ont déjà eu pour effet de faire monter sensiblement les taux d'emprunt des pays les plus fragilisés et pourraient mener à un «véritable désastre» si rien n'est fait rapidement, prévient le quotidien.