L'euro a chuté jeudi à son plus bas niveau depuis près d'un an face au dollar, victime de l'abaissement de la note de la Grèce par l'agence de notation Moody's et de la réévaluation du déficit public grec, qui ont relancé de plus belle les craintes d'un défaut de paiement du pays.

Vers 14h, l'euro valait 1,3311 dollar contre 1,3392 dollar mercredi, après être tombé jusqu'à 1,3261 dollar vers 9h30, son niveau le plus faible depuis la séance du 7 mai 2009.

L'euro reculait également face à la monnaie japonaise, à 124,19 yens contre 124,76 yens la veille.

Le dollar progressait légèrement face au yen à 93,27 yens contre 93,16 yens mercredi soir.

Le plongeon de l'euro à son niveau le plus bas depuis un an a fait suite à une décision de l'agence d'évaluation financière Moody's, qui a abaissé la note de la Grèce à «A3» et a menacé de la réduire davantage dans l'attente de plus de précisions sur les mesures qu'Athènes va prendre pour assainir ses finances publiques.

La monnaie unique était déjà mal en point avant cette nouvelle, souffrant de craintes renouvelées d'un défaut de paiement du pays, dont le déficit public vient d'être revu à la hausse par l'institut de statistiques européen Eurostat, à 13,6% du PIB (au lieu de 12,9%).

Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a eu beau opposer un «non catégorique» aux spéculations sur un défaut de paiement du pays, cela n'a pas empêché le taux des obligations d'Etat grecques de continuer à se tendre (à plus de cinq points et demi au-dessus des emprunts allemands, un écart énorme), et les cambistes de vendre l'euro.

«Les politiciens sont en train de mener une bataille perdue d'avance pour convaincre qu'il y a un plan crédible pour résoudre la crise actuelle, et, par conséquent, l'euro chute, et il y a danger que cette chute ne se transforme en une dégringolade», commentait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

«Les autorités de la Grèce et de la zone euro minimisent depuis des mois le risque d'une défaillance de la Grèce. Le marché, toutefois, n'a plus une confiance aveugle dans la cohérence de la zone euro, et dans sa rhétorique», abondait Jane Foley, analyste chez Forex.com.

Les stratégistes commençaient à se demander du coup quelle pourrait être la prochaine étape pour l'euro, et s'il arriverait à préserver ses niveaux actuels encore longtemps, certains misant sur un rebond technique à court terme.

«L'euro n'arrive pas à se débarrasser du problème grec (...) et cette séance a apporté un nouveau lot de sentiment négatif», a ainsi expliqué à l'AFP David Jones d'IG Index.

Toutefois, ajoutait-il, «il y a au moins quelque chose de positif pour l'euro dans tout ça, c'est qu'il n'a toujours pas brisé le seuil de 1,3250 dollar», et «après sa dégringolade initiale, il ne serait pas surprenant de voir des rachats techniques, qui pourraient le ramener vers 1,35 dollar au cours des prochains jours», se risquait-il à anticiper.