Le directeur général du Fonds monétaire internationale (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a assuré samedi que son institution continuait à croire aux mérites d'une inflation basse et stable, après des propos semblant prôner l'inverse du chef économiste du FMI fin février.

Dans un discours fait au cours d'une conférence organisée par l'Institut pour une Nouvelle pensée économique, fondé par le financier américain George Soros, à Cambridge (nord-est de Londres), M. Strauss-Kahn est revenu sur la suggestion, formulée mi-février par Olivier Blanchard, d'étudier la possibilité pour les banques centrales de viser une inflation plus élevée en temps normal.

M. Strauss-Kahn a estimé que «cette idée de (son) bon ami et collègue était une idée intéressante qui méritait une discussion sérieuse, mais que ce n'était pas la principale question en termes de politique monétaire», et qu'elle «ne devait pas nous distraire de problèmes plus importants».

«Soyons clairs : nous demeurons une institution qui croit qu'une inflation basse et stable apporte des bienfaits à la croissance et à la stabilité économiques. Cela reste le message clé du FMI sur l'inflation» a-t-il dit.

M. Blanchard avait soutenu qu'avec un objectif de 4% au lieu de 2% comme c'est le cas actuellement dans de nombreux grands pays industrialisés, les banques centrales auraient plus d'armes contre le risque de déflation en cas de crise. Cette idée avait été aussitôt vivement critiquée par des responsables de la Fed américaine et de la Banque centrale européenne.

L'intervention de M. Strauss-Kahn, dans la majestueuse salle d'honneur de l'Université de King's College, à Cambridge, a été perturbée quelques instants par de jeunes manifestants anti-FMI qui ont réussi à déployer une banderole, avant d'être évacués.

M. Strauss-Kahn a par ailleurs estimé que la reprise était «en bonne voie», bien qu'elle reste «lente et inégale».

Il a critiqué au passage le consensus d'avant-crise sur «la Grande Modération», marquée par une moindre volatilité de la production et une inflation modérée, considérant que cette limitation des fluctuations de l'économie avait «peut-être même aidé à semer les germes de la crise» en poussant les décideurs à une sous-estimation des risques.

«Nous savons à présent que les menaces à la stabilité macro-financière peuvent se développer sous la surface apparemment tranquille de prix stables, de petits écarts de production et de finances publiques saines», a-t-il dit.

Il a noté en outre que «la coopération sans précédent» obtenue pendant la crise entre les différents pays «était encore plus nécessaire dans l'après-crise pour créer un environnement qui soutienne une croissance forte et stable». Il a déploré que beaucoup de pays aient actuellement une approche trop dispersée des réformes à faire.

M. Strauss-Kahn a remarqué «le formidable ajustement» des finances publiques qui va être désormais nécessaire, avec une dette moyenne des pays développés d'environ 110% du PIB d'ici à 2014, a-t-il relevé.

Il a encouragé à saisir les périodes d'amélioration des cycles économiques pour réduire la dette, et suggéré des mesures fiscales à déclenchement automatique, comme par exemple des crédits d'impôts pour les ménages et les entreprises quand le PIB tombe à un certain niveau.

Sur la manière dont les banques enfin devront contribuer à leur propre sauvetage, M. Strauss-Kahn a indiqué que le FMI continuait à réfléchir à «une série d'options», son rapport préliminaire devant être présenté au G20 ce mois-ci.