La Chine s'oppose aux pressions des autres pays en faveur d'une réévaluation du yuan, a déclaré dimanche le premier ministre Wen Jiabao, signifiant que Pékin n'y céderait pas, à la clôture de la session annuelle du parlement.

«Nous nous opposons à cette pratique qui consiste à se montrer du doigt entre pays ou à prendre des mesures fortes pour faire s'apprécier les monnaies», a déclaré M. Wen.

«Ce genre de pratiques n'est pas dans l'intérêt d'une réforme du régime du taux de change du renminbi», autre nom de la monnaie chinoise, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse donnée à l'issue de la session annuelle de dix jours de l'Assemblée nationale populaire (ANP, parlement).

La Chine fait l'objet de pressions croissantes en faveur d'une appréciation du yuan de la part de ses grands partenaires commerciaux, États-Unis et Europe en tête, qui estiment que le niveau de sa monnaie favorise les exportations du pays, qui vient de devenir premier exportateur mondial devant l'Allemagne.

Cette question est d'ailleurs l'une des premières pommes de discorde de la relation sino-américaine et Pékin a accusé ses détracteurs de «politiser» la question du taux de sa devise.

Jeudi dernier encore, le président américain Barack Obama a appelé Pékin à faire des efforts: «si la Chine évoluait vers un taux de change plus conforme au marché, cela constituerait une contribution importante aux efforts mondiaux de rééquilibrage» de l'offre et de la demande, a-t-il dit.

Mais «lorsqu'a éclaté la crise financière internationale et qu'elle s'est propagée, le taux de change stable du renminbi a apporté une importante contribution», a assuré Wen Jiaobo devant la presse.

«La réforme du (...) taux de change a commencé en juillet 2005, et depuis le renminbi s'est apprécié de 21% par rapport au dollar», a-t-il ajouté.

Le renminbi est, de facto, réarrimé au dollar depuis l'été 2008, alors que son taux de change est censé être calculé selon un panier de devises et fluctuer quotidiennement dans une fourchette délimitée.

De nombreux économistes entrevoient une hausse contrôlée du yuan dans les semaines à venir.

Les partisans d'un yuan plus fort estiment les conditions réunies: la Chine a retrouvé une croissance trimestrielle à deux chiffres, ses exportations sont reparties à la hausse depuis décembre -et fortement en février, avec un bond de 45,7%- et, parallèlement, resurgissent des craintes de retour d'inflation et de bulles.

Jusqu'à présent, Pékin a mis en avant les «incertitudes» sur la situation économique mondiale et martelé son credo: la Chine maintiendra la «stabilité» de sa monnaie en 2010, tout en s'efforçant d'améliorer son système de taux de change.