Au nom de la solidarité entre les pays de la zone euro, Athènes, Berlin et Paris vont prendre «une initiative concertée pour lutter contre la spéculation» qui vise actuellement la Grèce et se répercute sur la monnaie unique, a annoncé dimanche soir Nicolas Sarkozy qui recevait à l'Elysée le Premier ministre grec Georges Papandréou.

«Les spéculateurs (...) doivent savoir que la solidarité, ça veut dire quelque chose», a mis en garde le président français. Une «réponse collective» est en train d'être préparée, a-t-il assuré. Elle engagera des «moyens concrets, précis» dont M. Sarkozy a refusé de détailler la nature. Mais selon lui, ils prouveront que la Grèce est soutenue, et pas seulement politiquement mais aussi «dans tous les aspects de ses demandes éventuelles».

«La Grèce, l'Allemagne et la France, nous prendrons une initiative concertée pour lutter contre la spéculation», a annoncé le chef de l'Etat. «Nous sommes décidés à faire ce qu'il faut pour que la Grèce ne soit pas isolée».

«C'est la zone euro qui doit se porter au côté d'un de ses membres attaqués» par la spéculation, a-t-il poursuivi au côté de M. Papandréou. Pour lui, c'est «une question de logique, de cohérence» et non de défiance vis-à-vis du FMI (Fonds monétaire international) ou des Etats-Unis. «Un pays membre de l'euro attaqué (...) par la spéculation doit d'abord compter sur la solidarité des autres membres de la zone euro».

«Le gouvernement grec a (...) pris les mesures qu'on attendait de lui. Les Etats de la zone euro doivent désormais être prêts à prendre les leurs», a dit Nicolas Sarkozy en estimant que «tous les Etats qui partagent cette monnaie doivent être solidaires».

Confronté à un déficit qui atteint les 12,7% de son PIB, la Grèce a présenté cette semaine un plan d'austérité. Le gouvernement espère économiser 4,8 milliards d'euros en rehaussant la TVA de deux points, en augmentant aussi les taxes sur les alcools, les cigarettes et les produits de luxe, en gelant les retraites et en réduisant les primes des fonctionnaires. L'Union européenne et les institutions financières ont estimé que ces engagements devraient permettre à Athènes de réduire son déficit budgétaire de quatre points en 2010, pour le ramener à 8,7% du PIB comme promis.

Avec son fort déficit, la Grèce emprunte de l'argent à un taux beaucoup plus élevé que les autres pays membres de l'euro (6,5% contre 3% pour l'Allemagne et la France par exemple). Georges Papandréou a rappelé dimanche que son pays «ne demandait pas d'argent», mais de «pouvoir emprunter à des conditions similaires, si ce n'est identiques, aux autres pays de la zone euro».

Si une solution européenne n'est pas trouvée, Georges Papandréou n'exclut pas de faire appel au FMI. Après avoir rencontré la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin vendredi et Nicolas Sarkozy à Paris dimanche, le Premier ministre grec a pris l'avion pour les Etats-Unis. Il s'entretiendra avec le président américain Barack Obama mardi à Washington.