La mobilisation s'est amplifiée jeudi en Grèce contre les mesures d'austérité annoncées la veille par le gouvernement, qui n'a pas exclu un «recours au Fonds monétaire international» pour éviter la faillite.

Au fil de la journée, les annonces de grève de 24h ou d'arrêts de travail pour vendredi n'ont cessé de tomber: le trafic des aéroports grecs sera ainsi paralysé de 12h à 16h, heure locale(5h à 9h, heure de Montréal), les transports terrestres perturbés, et les écoles primaires et secondaires fermées.

Les grandes organisations syndicales du privé, GSEE et du public, ADEDY, ont également appelé à des rassemblements vendredi midi à Athènes, à l'écart d'un autre rendez-vous du Front syndical communiste PAME.

ADEDY et PAME devaient compter leurs forces dès jeudi soir avec de premiers meetings dans la capitale, tandis que quelque 300 syndicalistes communistes occupaient depuis la matinée le ministère des Finances, en face du parlement grec.

Le gouvernement a pour sa part lancé un emprunt obligataire, comptant sur l'effet psychologique de l'annonce du plan destiné à économiser 4,8 milliards. L'émission à dix ans d'un montant de cinq milliards d'euros a fait se ruer les investisseurs pour une demande d'environ quinze milliards d'euros.

Le porte-parole du gouvernement, Georges Pétalotis s'est déclaré «très satisfait» de cette «très grande demande qui signifie quelque chose, c'est un signe».

Très attendue, l'opération était considérée comme un test de la capacité du pays à rassurer les marchés et à emprunter seul.

Les conditions de l'emprunt se sont établies avec une marge de 300 points de base (3 points), contre 310 initialement prévus par les banques chargées de l'opération. Le taux d'intérêt, sans doute aux alentours de 6,40%, devait être arrêté dans l'après-midi.

Après la Commission européenne, et le FMI, qui s'en était félicité mercredi, le président de la Banque Centrale Européenne, Jean-Claude Trichet a pour sa part complimenté la Grèce pour ses mesures d'austérité «substantielles».

Ces mesures sont considérées «comme convaincantes» par le conseil des gouverneurs de la BCE et «nous attendons qu'elles soient considérées convaincantes par d'autres», a ajouté M. Trichet en référence aux agences de notation.

Il a par contre jugé qu'une aide du Fonds monétaire international (FMI) à la Grèce, autre qu'une assistance technique, ne lui paraissait pas «appropriée».

Le porte-parole grec, M. Pétalotis, avait auparavant affirmé que «personne ne peut exclure un recours de la Grèce au FMI». «Cela peut nous coûter psychologiquement et sentimentalement, et nous espérons que nous n'en arriverons pas là, mais c'est une possibilité que personne ne peut exclure», a-t-il relevé sur une radio grecque.

Alors que le premier ministre, Georges Papandréou, a indiqué mercredi attendre désormais «la solidarité de l'Europe», M. Pétalotis a souligné que pour pouvoir «emprunter comme empruntent les autres pays européens», la Grèce demande à ses partenaires «une déclaration claire et nette», qu'elle est «un pays crédible, sur laquelle tous peuvent compter».

La chancelière allemande Angela Merkel, qui doit recevoir vendredi M. Papandréou va lui dire «très clairement» que la Grèce doit résoudre elle-même ses problèmes budgétaires, a de son côté affirmé le ministre allemand de l'Économie Rainer Brüderle. «Nous devons être fidèles au principe selon lequel chaque pays doit résoudre ses propres problèmes», a-t-il ajouté.

Après Mme Merkel, le dirigeant grec rencontrera le président français Nicolas Sarkozy dimanche à Paris, et sera reçu le 9 mars par Barack Obama à Washington.

La Grèce a besoin d'emprunter plus de 20 milliards d'euros d'ici mai pour faire face à ses échéances sur sa dette publique, qui s'est creusé à 113,4% du PIB en 2009, tandis que le déficit public s'envolait à 12,7% du PIB.