L'Union européenne met la Grèce sous pression. Les ministres des Finances ont repris mardi le message adressé la veille par l'Eurogroupe, donnant à Athènes un mois pour commencer à réduire son déficit et éviter la contagion à d'autres pays européens. Le gouvernement grec a également jusqu'à vendredi pour fournir des explications sur les montages financiers qui lui ont permis de masquer l'étendue de son déficit depuis 2001.

Réunis à Bruxelles, les ministres des Finances ont donné à la Grèce jusqu'au 16 mars pour montrer qu'elle est sur la bonne voie pour réduire son déficit de 12,7% à 8,7% du produit intérieur brut (PIB) dès cette année. L'objectif à terme est de repasser d'ici 2012 sous la barre des 3% imposée par l'UE.

Cette étape est essentielle «pour lever le risque d'une menace sur le fonctionnement propre de l'union économique et monétaire», ont souligné les ministres dans une déclaration commune. Concrètement, Athènes a désormais un mois pour commencer à tirer des économies du gel des salaires des fonctionnaires ou, notamment, de la réforme des retraites et de l'assurance-maladie.

Lundi, les 16 pays de la zone euro avaient annoncé qu'ils exigeraient de nouvelles mesures d'austérité (réductions des dépenses publiques, augmentation de la TVA -taxe sur la valeur ajoutée- et des taxes sur le carburant, création de nouvelles taxes sur les produits de luxe...) si la Grèce ne tenait pas ses engagements. L'Eurogroupe s'était également déclaré prêt à venir en aide à Athènes si ces mesures ne suffisaient pas.

Mardi, le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a affirmé que son pays était déjà en avance sur ses objectifs, grâce à un léger surplus enregistré en janvier tiré d'un impôt unique sur les grandes sociétés. «C'est une question de crédibilité pour le pays, a-t-il déclaré. L'exécution du budget grec pour le mois de janvier, sur la base des chiffres provisoires, se déroule plutôt bien. Nous avons même un surplus.»

M. Papaconstantinou s'exprimait alors que les agents des douanes grecques ont entamé mardi une grève de trois jours pour protester contre les mesures d'austérité décidées par le gouvernement de Georges Papandréou.

Par ailleurs, pour faire la lumière sur les méthodes employées par la Grèce pour masquer l'étendue de son déficit, le commissaire européen aux Affaires monétaires, Olli Rehn, a également dit mardi avoir demandé à Athènes «de fournir des informations» d'ici vendredi «sur des transactions sur les marchés de devises et leurs conséquences sur les chiffres de la dette et du déficit».

«Il est clair qu'une enquête approfondie doit être réalisée sur ce sujet, et je garantis que nous mènerons cette enquête pour voir si toutes les règles ont été respectées», a-t-il affirmé, promettant d'agir si des irrégularités étaient constatées.

L'UE peut notamment poursuivre la Grèce en justice, sous la menace d'amendes journalières, pour la contraindre à changer sa méthode statistique. Bruxelles menace déjà Athènes de lancer des poursuites pour ses chiffres de finances publiques douteux datant de l'année dernière.