La récession mondiale n'a pas empêché le Comité international olympique de remplir ses coffres, qui contiennent 466 millions US.

Depuis l'arrivée du président Jacques Rogge à la tête du CIO en 2001, le fonds de réserve du CIO est passé de 105 à 466 millions US. Seulement l'an dernier, la valeur du fonds a augmenté de 44 millions, une hausse de 10%. «Nous voulons avoir des réserves si les Jeux connaissent des difficultés financières ou s'ils ne peuvent être organisés pendant quatre ans», dit Jacques Rogge.

Après avoir généré un profit de 27 millions en 2009, le CIO prévoit dégager un autre profit 12,5 millions cette année. Comment le CIO fait-il son argent? En monnayant l'image de marque des Jeux olympiques auprès des commanditaires, des réseaux de télévision et des amateurs de sport par le biais de produits dérivés.

Le CIO se finance en gardant 10% des revenus de commandites internationales et 7% des droits de télédiffusion des Jeux olympiques. Il redistribue le reste de l'argent aux comités organisateurs des Jeux, aux fédérations internationales et aux comités olympiques des pays participants aux Jeux. «C'est un système intéressant de redistribution de revenus», fait valoir l'avocat montréalais Richard Pound, l'un des deux membres canadiens du CIO.

«Le système du CIO fonctionne bien car la vaste majorité de l'argent généré par les Jeux olympiques est retourné aux athlètes et au sport», dit Stephen Wenn, professeur d'éducation physique à l'Université Laurier et auteur d'un livre sur le CIO, Selling the Five Rings.

À Vancouver, le CIO a versé 447 millions au comité organisateur comme compensation pour les droits télé. Le CIO a aussi octroyé une enveloppe supplémentaire de 196,4 millions provenant des commanditaires internationaux, mais il s'est pris des redevances de 197,3 millions sur les revenus des commandites canadiennes. Bilan de la contribution du CIO: 446 millions, soit 25% du budget du comité organisateur.

En tenant compte de toutes les dépenses nécessaires à la présentation des Jeux de Vancouver, le CIO aura épongé 6% de la facture olympique totale de 7,3 milliards, selon nos calculs. «Le CIO est dans une excellente position de négociations: toutes les villes se garrochent pour organiser les Jeux et promettent de construire des stades et d'améliorer les routes», dit Philip Merrigan, professeur d'économie à l'UQAM.

Le CIO estime qu'il n'a pas à assumer les coûts des travaux d'infrastructures des villes hôtesses. «Il n'y a aucune raison pour les spectateurs olympiques d'assurer ces coûts, dit Richard Pound, l'un des deux membres canadiens du CIO. Le CIO a toujours dit: si vous n'avez pas besoin des infrastructures après les Jeux, ne les organisez pas.»

Le gouvernement de la Colombie-Britannique a confirmé son intention de financer les projets d'infrastructures même si Vancouver n'avait pas obtenu les Jeux. Une décision qui donne raison à la philosophie de financement du CIO. «Nous avons fait des investissements comme le métro et la route Vancouver-Whistler deux ans plus tôt à cause des Jeux, mais nous les aurions fait de toute façon», dit Mary McNeil, ministre d'État aux Jeux olympiques de la Colombie-Britannique.

À Vancouver, le CIO pourrait toutefois être plus généreux qu'à l'habitude. Récession oblige, le comité organisateur des Jeux de 2010 pourrait bien voir son profit anticipé de 50,1 millions se transformer en déficit. Le CIO pourrait alors lui accorder une aide spéciale. «Nous avons une entente avec le comité organisateur selon laquelle nous l'aiderons s'il y a une diminution de revenus, dit le président du CIO, Jacques Rogge. Nous verrons six semaines après les Jeux mais selon nos dernières discussions, le comité organisateur devrait rendre un budget équilibré.»