Le gigantesque feu d'artifice qui a illuminé le Burj Khalifa à son inauguration a ébloui le monde entier, il y a trois semaines. Certains à Dubaï ont aussi interprété ce spectacle comme... le plus gros doigt d'honneur de l'histoire. Un doigt d'honneur de 828 mètres à l'Occident et ses médias.

Les journalistes étrangers, ces jours-ci, sont reçus avec méfiance ici. L'émirat et ses habitants sont encore échaudés par la couverture négative qui s'abat sur eux depuis novembre dernier, quand les problèmes de dette de Dubai World et de ses filiales ont fait valser les marchés boursiers de toute la planète. Les egos sont amochés.

Quelques jours après l'éclatement de cette histoire au grand jour, le cheik Mohammed, qui dirige Dubaï, a dit à des reporters qui le pressaient de questions de «se la fermer». Le ministre de l'Économie a pour sa part affirmé qu'une véritable «campagne négative» était en cours contre Dubaï et les Émirats arabes Unis. Un sentiment répandu dans la population.

«Et vous, qu'allez vous écrire pour vous moquer de Dubaï?» a demandé à La Presse Ghanim, un jeune Émirati étudiant en marketing, au lendemain de l'inauguration du Burj Khalifa.

Les autorités sont allées jusqu'à bannir des kiosques l'édition du 29 novembre du Sunday Times de Londres, qui dépeignait le cheik Mohammed en train de se noyer dans un océan de dettes. L'illustration aurait été considérée comme «offensante» par les autorités du gouvernement central d'Abou Dhabi, qui contrôlent et censurent la presse.

Plusieurs ici estiment que les journalistes européens et nord-américains s'acharnent sur Dubaï depuis quelques mois. Un contraste d'autant plus frappant que la ville-état a été dépeinte avec fascination dans des centaines de reportages pendant son boom ininterrompu des années 2000.

Histoire de mieux communiquer avec les médias locaux et internationaux, Dubaï s'est dotée il y a deux semaines d'un «Media Office». Le nouvel organe vise à gérer les demandes d'entrevues avec les officiels... et à mieux retracer ce qui s'écrit sur l'émirat partout dans le monde.