Le gouvernement haïtien doit avoir davantage son mot à dire sur la façon de dépenser les milliards de dollars de la communauté internationale pour reconstruire le pays, selon l'ancien doyen de la faculté de sciences économiques d'une université de Port-au-Prince.

Les organismes internationaux comme l'ONU, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international se voient souvent confier le mandat de coordonner les efforts de reconstruction avec les gouvernements en place. « Il faut une commission mixte qui permet au gouvernement haïtien de faire valoir son point de vue. Il faut que le gouvernement reprenne sa place. (Dans le passé), on n'avait pas l'impression que la voix du gouvernement haïtien était prépondérante », dit l'économiste Narcisse Fièvre, doyen de la Faculté des sciences économiques de l'Université Quisqueya entre 1998 et 2004

Narcisse Fièvre, qui vit à Montréal depuis deux ans, appuie l'idée d'une conférence internationale sur Haïti lancée par le président français Nicolas Sarkozy. « Il faut espérer qu'elle ait lieu, dit-il. Ça va prendre un genre de plan Marshall, mais c'est clair que ça va être compliqué (de reconstruire). »

L'économiste haïtien souhaite que son gouvernement établisse des priorités économiques claires au lieu de tirer dans toutes les directions. « La vision à long terme a toujours manqué à Haïti, dit Narcisse Fièvre. On peut s'en sortir, mais il faut une vision stratégique qui dit où Haïti veut aller dans 10 et 15 ans. Quel type de production veut-on faire ? Après seulement nous pouvons décider quelles infrastructures bâtir et quelles formations favoriser. Et si le financement international est moins important que prévu, on peut ensuite réviser les projets. »

Au nombre des solutions suggérées par Narcisse Fièvre : développer l'économie des régions d'Haïti. La capitale Port-au-Prince compte 3,8 millions des 8,5 millions d'Haïtiens. « Il y a un gros problème de concentration de la population, dit l'économiste haïtien. Tout le monde se concentre à Port-au-Prince, mais les services ne sont pas capables d'accommoder tous ces gens. Les gens vont à Port-au-Prince parce que les emplois sont là. Il faut donner plus d'importance à la productivité régionale. »

M. Fièvre, qui vit à Montréal en congé sabbatique depuis deux ans, comptait retourner enseigner en Haïti en