La Banque centrale européenne (BCE) a sans surprise maintenu jeudi son principal taux directeur à son plus bas niveau historique pour soutenir une économie de la zone euro toujours fébrile et mise à l'épreuve par la crise grecque.

Le taux de refinancement, en théorie baromètre du crédit dans les seize pays de l'euro, reste donc à 1% comme cela est le cas depuis mai.

La décision était unanimement attendue. La lente reprise qui se profile et l'absence d'inflation parlent en faveur d'un long statu quo monétaire. La BCE doit «rester prudente», souligne Cédric Thellier de Natixis.

D'autant plus que la crise budgétaire en Grèce menace de devenir le test le plus sérieux pour l'Union économique et monétaire, née en 1999.

Dans une étude, l'agence de notation Moody's avait estimé que la Grèce, mais aussi le Portugal risquaient «une mort lente» économique s'ils ne prenaient pas des mesures efficaces pour surmonter leurs faiblesses, et en particulier la situation de leurs finances publiques. D'autres pays comme l'Espagne ou encore l'Irlande traversent aussi une phase délicate dans ce domaine.

La récession mondiale a exacerbé les disparités entre les pays de la zone euro, de quoi compliquer la tâche de la BCE qui doit définir une politique monétaire commune pour l'ensemble de la zone euro.

Les économistes ne s'intéressent d'ailleurs qu'aux déclarations éventuelles du président de la BCE Jean-Claude Trichet au sujet de la Grèce lors de la traditionnelle conférence de presse mensuelle. Il s'agit de savoir «comment la BCE en particulier va gérer ce problème (...)», souligne Thorsten Polleit, de Barclays Capital.

L'institution avait publié fin décembre un document de travail étudiant les scénarios de sortie d'un pays de la zone euro. Le document, qui ne représente pas nécessairement l'avis du conseil, avait toutefois entretenu le débat sur une éventuelle sortie de la Grèce et le Français ne manquera pas d'être interrogé sur ce point.

Le Premier ministre grec Georges Papandréou a clairement exclu cette option mercredi.

«Trichet va sans doute essayer d'en dire le moins possible», estime Mark Wall, économiste à la Deutsche Bank.

Il pourra toujours prendre pour prétexte le fait qu'Athènes est en train de boucler son programme de stabilité et de croissance sur trois ans, qui doit être déposé ce vendredi à l'Union européenne .

Le plan prévoit de ramener le déficit public de 12,7% en 2009, à 2% en 2013, donc dans les cordes du Pacte de stabilité et de croissance qui fixe la limite acceptable à 3%.

Il y a un mois, Jean-Claude Trichet avait exprimé sa confiance dans la capacité du gouvernement grec à prendre les décisions «appropriées» et «absolument nécessaires» pour redresser le cap.

Concernant le retrait des mesures exceptionnelles d'aide au crédit, entamée en décembre, la BCE ne devrait rien annoncer de plus jeudi. L'amélioration de la santé des banques et des marchés, mais l'activité toujours très faible du crédit, devrait l'inciter à poursuivre son plan de route visant à alléger -très progressivement- son dispositif anti-crise.